Les difficultés alimentaires
Jusqu’en 1917, l’économie amiénoise est prospère. Amiens étant ville d’arrière-front, les soldats alliés fréquentent les commerces (cafés, brasseries, épiceries, magasins…) de la Ville. Paradoxalement, dès septembre 1914, des denrées alimentaires manquent et les prix augmentent. Afin de limiter l’inflation, la municipalité amiénoise prend des mesures pour encadrer les prix du sucre, du sel, du café, etc. Mais pénuries, flambée des prix et stocks épuisés s’ajoutent aux problèmes de ravitaillement de la Ville. Au début de l’année 1918, la municipalité amiénoise met en place des « cartes de ravitaillement » pour le pain, le sucre, la viande, le charbon… Ces cartes doivent être présentées aux commerçants et permettent la délivrance d’une quantité assurée mais limitée de ces denrées.
Lors des bombardements du printemps 1918, de nombreux commerces sont anéantis. Les rues commerçantes des Trois Cailloux et de Beauvais figurent parmi les secteurs les plus dévastés. Détruits, endommagés ou pillés, les magasins se vident. Au cours de l’année 1918, le service du Ravitaillement de la ville d’Amiens œuvre à nourrir la population, en partenariat avec l’Union Coopérative, chargée de distribuer les vivres auprès des civils qui restent. Duchaussoy, maire d’Amiens, écrit dans son journal à la date du 10 avril 1918 à ce sujet : « Du 31 mars au 9 avril, l’Union coopérative a distribué 72.970 rations de pain et 25.871 rations de viande […] ». Des boucheries sont aussi réquisitionnées par l’autorité municipale. Des problèmes d’approvisionnement ont aussi lieu, les wagons de marchandises étant souvent ralentis par les bombardements des infrastructures ferroviaires.
Lorsque la Mairie se réinstalle à Amiens en octobre 1918, celle-ci est consciente de la situation alimentaire de la Ville. D’ailleurs, la population est appelée à rejoindre la cité picarde « qu’après une organisation complète et permanente du ravitaillement ». Mais même après l’Armistice et durant l’année 1919, des pénuries subsistent. Les prix sur la viande, les légumes, les œufs, le lait, le beurre continuent d’être encadrés. L’approvisionnement reste aussi difficile.