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Aronnax
Le Crotoy

Sur mer et sous les mers

En 1865, je découvre Le Crotoy où je viens pour des raisons de santé. C’est un petit port dans lequel je reste plusieurs semaines. Désormais, avec ma famille, nous louons une villa pour y revenir tous les étés.

C’est au Crotoy que je me lance dans l’écriture de Vingt mille lieues sous les mers, un roman qui s’enrichit des impressions recueillies au contact de la mer, en discutant avec les marins ou en naviguant à bord d’un bateau que j’achète, le Saint-Michel.

En mars 1869, nous quittons la villa pour occuper une habitation un peu plus grande et située rue Jeanne d’Arc (aujourd’hui quai Léonard). C’est une dépendance de la propriété ayant appartenu au poète Millevoye. Je pense alors à quitter Paris et à m’installer au Crotoy, donc je loue cette maison à l’année et y fais exécuter des travaux.

Le 15 juillet 1870, c’est la guerre entre la France et l’Allemagne, et je suis mobilisé au Crotoy qui est mon domicile légal.

En juillet 1871, je décide finalement de me fixer à Amiens qui est une grande ville. Mais les séjours au Crotoy ne sont pas terminés : chaque été, jusqu'en 1875, je retrouve mon Saint-Michel dans le petit port de la baie de Somme.

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Le Crotoy

À partir de 1866, je loue au Crotoy une villa rue Lefèvre (actuellement au 9 rue Jules Verne). Avec ses deux étages, son jardin, son pavillon, elle forme un contraste avec les petites maisons de pêcheurs qui l'entou­rent. Par les fenêtres de ma chambre-bureau, au premier étage, entre un petit chantier pour bateaux et quelques maisons, je vois le port, les bateaux et la baie.

Le matin, je travaille dans le petit pavillon de verdure situé à droite de la maison qui s'appelle « La Solitude ». Ce terme ne désigne pas la villa elle-même, comme on le dit parfois : celle-ci s’est appelée « Villa Fanny », mais, quand nous nous y installons, elle ne porte plus de nom. Et c’est très bien ainsi !

L'après-midi, je me promène en faisant le tour du bassin ou en observant la vie sur le port, avec mon épouse Honorine, ses deux filles Suzanne et Valentine (nées respectivement en 1852 et 1853) et notre fils Michel (né en 1861).

J’aime aussi m’installer sur la plage pour réfléchir à mes romans.

Le Saint-Michel

En mai 1867, Verne achète une chaloupe de pêche, un caboteur baptisé le Saint-Michel. Long d'une dizaine de mètres et large de plus de deux, ce bateau est du type de celui que les pêcheurs du Crotoy utilisent quotidiennement. Verne fait transformer ce bateau selon des plans établis par le capitaine Paul Bos, né au Crotoy, qui travaille au service d’un armateur du Havre. Pour le remercier, il le cite dans Vingt mille lieues sous les mers.

Des couchettes sont aménagées dans le poste avant et dans la cabine arrière de manière à pouvoir loger cinq passagers. Et surtout le gréement est changé : la voile traditionnelle (appelée bourset) est remplacée par un foc, une grande voile, voile d'artimon ou brigantine.

Pour un journaliste qui le rencontre en 1873, Jules Verne dessine ce bateau et lui dicte les noms des deux voiles, la grande « bourset » et  la petite voile arrière, « malet » (que le journaliste écrit « malais »).

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Une lettre à son éditeur

Pour inviter son éditeur Jules Hetzel à découvrir à son tour Le Crotoy, Jules Verne lui écrit en mai 1867 :

« Nous voici donc installés depuis 4 jours dans ce charmant petit trou du Crotoy ! [...] Le temps est admirable, mais froid la nuit ; l’air d'une pureté incomparable. Quand vous viendrez, mon cher Hetzel, il faudra que ce soit à l’époque d’une grande marée d’équinoxe ; si le temps est mauvais, ce sera magnifique, s’il est beau ce sera magnifique tout de même. Vous verrez la mer monter de plus de 20 pieds dans cette immense baie. Ce ne sont point les montagnes de la côte de Nice, ni les roches de granit de Jersey que vous connaissez, mais du sable, rien que du sable et des dunes sauvages. »