Extrait du discours lu par Jules Verne lors de l'inauguration du Cirque
Extrait de César Cascabel
Histoire du bâtiment
Avant 1845, la foire de la Saint-Jean se tenait en centre-ville, place René-Goblet. En 1845, elle est transférée place Longueville et tous les ans la ville construit un cirque provisoire qui est démoli après la foire. C’est en 1874 que l’entrepreneur Schytte propose un cirque en bois sur la place Longueville. Dès 1883, sous l’impulsion de Frédéric Petit, maire d’Amiens depuis 1880, la municipalité décide de construire un cirque plus solide. Le projet est adopté en 1887 et Emile Ricquier, architecte en chef du département, dresse les plans et les travaux sont entrepris.
L’inauguration a lieu le dimanche 23 juin 1889, pour l’ouverture de la foire, et c’est Jules Verne qui prononce le discours d’inauguration, au cours d’un concert donné par l’Harmonie municipale. On dit parfois qu’il est à l’origine de ce projet, mais c’est inexact. Il est toutefois intéressant de noter que le maire, Frédéric Petit, a délégué à Jules Verne, fraîchement élu conseiller municipal depuis 1888, l’honneur de cette inauguration.
En revanche, la construction de ce cirque est à l’origine d’une campagne de dénigrement de la part d’une opposition à la municipalité qui, pendant plusieurs semaines, annonce tantôt son écroulement imminent et dénonce tantôt sa laideur. Jules Verne lui-même est vivement critiqué et caricaturé. Cet investissement coûteux à l’époque a été judicieux. Depuis son inauguration, le cirque a accueilli de nombreux spectacles de cirque, mais aussi des variétés, du théâtre, des meetings politiques. Des cinéastes comme Federico Fellini et Jean-Jacques Beineix y ont tourné des films. Classé aux monuments historiques en 1975, ce bâtiment qui porte désormais le nom de Jules Verne, est maintenant un Pôle National Cirque et Arts de la Rue.
Les gens du voyage
Jules Verne n’a pas attendu d’être conseiller municipal pour s'intéresser aux gens du cirque et du voyage. Avant d’être le domestique de Phileas Fogg, Passepartout a été acrobate dans un cirque et il s’engage aussi dans une troupe japonaise acrobatique (Le Tour du monde en quatre-vingts jours, 1872). Puis, dans Michel Strogoff (1876), figure la tzigane Sangarre qui chante et danse dans les foires. Dans Mathias Sandorf (1885), paraissent Matifou et Pescade, des saltimbanques acrobates. Le premier étonne les badauds par ses exploits herculéens, le second les fait rire avec ses pitreries.
En 1890, les personnages de César Cascabel sont une famille de saltimbanques. Se retrouvant sans argent, ils sont obligés de rejoindre la France depuis l'Amérique en faisant le grand tour par l'Alaska, le détroit de Behring, la Sibérie et la Russie… en roulotte. Les incidents et les gags sont d'autant plus nombreux que les personnages sont des acrobates et des amuseurs.
Ce nom de Cascabel, Jules Verne l’emprunte à un artiste transformiste qui se produit depuis 1867 dans les cafés-concerts, salles de music-hall et les cirques. Engagé par le célèbre cirque Rancy, Cascabel se produit à Amiens le 10 juillet 1888. Jules Verne écrit alors son roman et, en hommage à l’artiste, il donne son nom au personnage central dont il fait le directeur du cirque.