Une fréquention en constante augmentation
En 2024, le zoo d’Amiens Métropole aura gardé son essence – un îlot de verdure et de cours d’eau à deux pas du centre-ville – mais gagné 1,5 hectare, une vraie boutique, de grandes salles pédagogiques, un snack et un restaurant. Le site aura en outre 120 espèces animales supplémentaires – parmi lesquelles tigres, girafes, hippopotames pygmées, alligators de Chine, lynx – et, ambitionne-t-il, doublé le nombre de ses visiteurs. « Ce projet d'extension et de rénovation était nécessaire, appuie Nathalie Devèze, vice-présidente d’Amiens Métropole déléguée à la culture. L’équipe du parc fait un travail remarquable. La fréquention est en constante augmentation. C’est, avec plus de 190 000 visiteurs, le deuxième lieu le plus fréquenté du département après la cathédrale et le premier en nombre d’entrées payantes. Il pourra accueillir les familles, les touristes, les scolaires (40 000 en 2017, ndlr) dans de très bonnes conditions. »
Un rêve ambitieux
Ce rêve ambitieux porté par Christine Morrier, directrice du parc et du projet, a germé en 2011. « Je retrouvais mon poste à Amiens après trois années à la tête du zoo de Vincennes en pleine réhabilitation, raconte-t-elle. J'avais vécu cette aventure si particulière de la conception d’un parc. Celui d’Amiens avait besoin de cohérence, d’être rénové… » Une étude intra et extra-muros met le doigt sur le Pavillon bleu, les maisons ouvrières du Faubourg de Hem, qui touchent le zoo et forment autour de lui un triangle patrimonial du XIXe siècle unique.
« Je ne connais aucun parc avec une telle identité, sourit-elle. Mon imagination s'est mise en marche. Et j'ai dégagé une équipe en interne pour monter ce projet d’extension.» Un travail payant ! En 2016, Amiens Métropole achète l'ancien site de Picardie Poids Lourds (1,1 ha) en vue de son agrandissement. 42 M€ d’euros sont alloués à cette transformation. « Ce projet est aussi important d’un point de vue touristique qu’urbanistique, justifie Christine Morrier. Car le zoo s’ouvrira sur le Faubourg-de-Hem et donc sur la ville. »
Plaine africaine
un zoo en pleine mue
DES TIGRES DÈS LE PRINTEMPS PROCHAIN
Pour réaliser ce "rêve", Amiens Métropole a confié la baguette à Jacqueline Osty et son atelier de paysagistes parisien, connus pour avoir déjà redessiné notre parc Saint-Pierre. Il était primordial que le site, créé en 1952 et rénové dans les années 90, conserve son environnement caractéristique et sa biodiversité locale. « Les bâtiments, volières, enclos se fondront parfaitement dans le paysage, explique Nathalie Devèze. Et de nombreuses ouvertures vitrées offriront une grande proximité avec les animaux. » L'Atelier Jacqueline Osty et les architectes prestataires, dont le cabinet amiénois Richard Architecture, assureront notamment la rénovation de l’existant tout en créant un parcours entre différentes zones géographiques : Rivages, Le Marigot, L’Équateur, Tropiques, Savanes…
Une invitation au voyage qui commencera dès le printemps prochain avec Archipels, la première pépite du projet d'extension, consacrée aux écosystèmes insulaires et continentaux d’Asie du Sud-Est. Le chantier situé sur les anciens enclos des cobes de Lechwe, des grues de Mandchourie et des éléphantes, parties en décembre pour le zoo de Pairi Daiza en Belgique, débutera véritablement en septembre. Dans un an, cette zone accueillera 30 espèces de mammifères, « dont un couple de tigres, tant attendu, et un terrarium qui nous permettra de présenter une part oubliée de la biodiversité : reptiles, amphibiens et insectes », se réjouit Christine Morrier.
RAYONNEMENT EUROPÉEN
Au fur et à mesure, « comme une opération tiroir », en déménageant les espèces mais en restant ouvert au public, les autres espaces verront le jour. Le zoo de demain embrassera une grande variété d'espèces menacées, et pourra remplir toujours mieux ses missions de recherche scientifique, de préservation de la biodiversité et d’éducation, notamment grâce à une nouvelle signalétique et des supports pédagogiques. Membre de l’Association des Zoos et Aquariums Européens (EAZA) depuis 2001, et fort de son expérience dans le domaine de la conservation animale, il intervient en effet dans les décisions européennes. Nul doute que sa voix pèsera encore davantage, et bien au-delà des Hauts-de- France, dans les années à venir.
zoo Amiens
ENTREZ PAR LA GRANDE PORTE !
Un zoo ouvert sur la ville
Au printemps 2021, sur l'ancien site de Picardie Poids Lourds, à l’orée de la rue du Faubourg-de-Hem s’élèvera la nouvelle entrée du zoo. Cet espace, qui abritera aussi les zones Savanes et Tropiques, a été imaginé par l’architecte Bruno Mader. Ce grand navire de 1 900 m2 regroupera la billetterie, les salles pédagogiques, une boutique, les parties techniques et à l’étage l’administration. « Ce sera vraiment plus pratique, pointe Pierre Bouthors, chargé de communication du zoo. Car nos locaux sont aujourd’hui tous dispersés dans le parc. »
Inspiré par l'environnement naturel et le passé industriel du quartier, ce bâtiment construit en matériaux écologiques disposera d’un porche végétal et aérien. Son parvis ouvert sur le faubourg comme sur le parc de La Hotoie sera aménagé par L’Atelier Jacqueline Osty. Il pourra accueillir des événements culturels, des concerts… En 2022, une fois cette entrée achevée, un snack ouvrira en lieu et place de l’actuel accueil.
UNE FAIM DE LOUP ?
Cet été, débutera le chantier du Pavillon bleu. « Il s'agit d’une réhabilitation lourde qui sera assurée par le groupement d’architectes Socréa », souligne Christine Morrier, la directrice du parc. L’idée est en effet de redonner à ce bijou du patrimoine ses airs d’autrefois : boiseries, détails Art nouveau, couleurs, carrelages… «Mais ce ne sera plus un dancing ! » prévient-elle. D’abord laiterie en 1875 (des vaches paissaient à la Petite Hotoie appelée alors Le Marais), cet établissement fut agrandi et transformé en guinguette en 1898 par l’architecte amiénois Anatole Bienaimé. Cette « folie romantique » accueillit encore des banquets et soirées jusqu’au début des années 2000.
Une folie romantique
Écrin idéalement situé pour devenir un restaurant, l'un des éléments phares du projet d’agrandissement, propriété de la Ville, il fut rattaché au parc zoologique en 2014. « Cela changera la donne, assure Christine Morrier. Jusqu’alors les touristes venaient deux ou trois heures faute de lieu pour déjeuner, là ils pourront y passer la journée. » Ouvert le midi pour les visiteurs du zoo comme les personnes venant de l’extérieur, ce restaurant d’une capacité de 100 couverts disposera également d’une terrasse pour les beaux jours. Il sera évidemment possible d’y faire une pause l’après-midi. Le soir, il ouvrira uniquement sur La Hotoie.
Construit en 1875, l’édfice est une laiterie pour les vaches qui pâturent dans « le marais », l’ancien nom de la Petite Hotoie. En 1898, Anatole Bienaimé, architecte amiénois spécialisé dans la création de villas, transforme cette laiterie. Il l’agrandit et lui donne cette allure caractéristique des guinguettes de la fin du XIXe siècle : le Pavillon bleu est né. Partie intégrante du patrimoine amiénois, le Pavillon bleu sera tour à tour l’entrée du jardin botanique de la Petite Hotoie, aménagé en 1882, puis celle du zoo lors de son ouverture en 1952. A l’abandon, le Pavillon bleu est officiellement rattaché au zoo d’Amiens en 2014, avec le projet d’y ouvrir un restaurant.