Amiens et ses sauveurs des antipodes
Des milliers d’Australiens et de Néo-Zélandais sont attendus pour les cérémonies du 25 avril qui commémorent leurs compatriotes tombés durant la Grande Guerre, notamment pour sauver Amiens en 1918.
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13.04.2023
JDA 1044
5h30, sur la large plaine de Villers-Bretonneux qui domine Amiens. Ici, au Mémorial australien et néo-zélandais érigé en 1938, devant le mur aux 11 000 noms de soldats qui, pour défendre Amiens en 1918, ont perdu la vie – et dont on a perdu les corps –, le silence se fait plus pesant encore chaque 25 avril. Bienvenue au Dawn Service, la cérémonie de l’aube, à l’heure où ne blanchit pas tout à fait la campagne. Elle rend hommage aux engagés du Corps d’armée australien et néo-zélandais (Anzac pour Australian and New Zealand Army Corps) durant la Grande Guerre. Sur 330 000 volontaires, 195 000 repartiront blessés et abîmés. 78 000 ne reviendront pas.
En direct à la télé australienne
L’événement passe en direct à 17 000 km de là pour des millions de téléspectateurs. « Ces commémorations sont très présentes dans nos vies. Dès notre enfance. C’est une journée tout en silence, confie l’architecte australien Tim Williams, qui a dessiné le centre Sir John Monash, niché derrière le mémorial et ouvert en 2018. Il faut imaginer que 10 % de la population australienne est venue combattre en France... » Lui-même a perdu un grand-oncle dans la Somme.
8 000 participants en 2015
Ce 25 avril, on devrait avoisiner les 2 000 participants à cette cérémonie. Plus de 1 000 Australiens ont confirmé leur venue. Une fréquentation plus adéquate avec les éditions d’avant-Covid, la pandémie ayant annulé la cérémonie de 2020 et contraint celles de 2021 et 2022. « En 2015 (année du centenaire de la bataille de Gallipoli à l’origine de l’Anzac Day, ndlr), nous avions atteint 8 000 participants, se souvient François Bergez, directeur de Somme Tourisme. En 2023, nous allons retrouver des chiffres dans la norme. » « Après plusieurs éditions sans nos visiteurs australiens, nous sommes heureux de les retrouver et de leur souhaiter la bienvenue », s’enthousiasme Paul-Éric Dècle, le vice-président d’Amiens Métropole délégué au tourisme.
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Les 24 et 25 avril, la tour Perret s’illuminera aux couleurs australiennes et néo-zélandaises.
« Ils aiment Amiens »
Ce pèlerinage est, pour ces gens des antipodes, l’occasion de visiter la France. Voire d’un circuit plus large en Europe. « C’est souvent le voyage d’une vie que l’on réalise à la retraite », analyse Stéphanie Cadet, de l’office de tourisme d’Amiens Métropole. « Ils passent souvent par l’Angleterre, Paris voire le sud de l’Europe... À l’échelle de leur pays, nous sommes un petit continent, glisse François Bergez. Mais l’étape par Amiens et Villers-Bretonneux est essentielle. Ces noms résonnent chez eux. Et ils aiment Amiens, ils aiment le patrimoine qu’ils n’ont pas chez eux. »
Capitaliser sur le Mondial de rugby
Paris figure à chaque fois sur leur périple. « Beaucoup y logent. Une part importante s’installe à Amiens la veille ou l’avant-veille du Dawn Service à l’hôtel ou en Airbnb, observe François Bergez qui organise des navettes entre la gare d’Amiens et Villers-Bretonneux à 2h30 le jour J. La plupart se débrouillent. Ce sont des gens débrouillards. » « Le club hôtelier évalue à environ 800 Australiens ayant réservé dans un établissement à Amiens Métropole », chiffre Paul-Éric Dècle qui, après l’Anzac, escompte capitaliser sur la tenue de la Coupe du monde de rugby (8 septembre-28 octobre) en France pour faire venir des supporters néo-zélandais et australiens sur les traces de leurs aïeux dans la Somme.
Antoine Caux
Une expo à l’office de tourisme d’Amiens Métropole
L’office de tourisme accueille jusqu’au 7 mai l’exposition Les Australiens sur le front occidental qui met à l’honneur l’engagement militaire australien sur le vieux continent, notamment la grande offensive alliée, en août 1918, dont les diggers – le nom des soldats de l’Anzac – furent les fers de lance et que l’on appelle la bataille d’Amiens. Vernissage le 21 avril, à 18h, pour capter les Australiens venus préparer l’Anzac.