Des pages de mémoire
Les 4 et 5 octobre, la première édition du festival Lumières de livres anime de nombreux lieux amiénois. Deux jours éclairés traversés par un thème : le devoir de mémoire.
25.09.2024
JDA 1092
Conférences, témoignages, rencontres, dédicaces… En tout, une soixantaine d’auteurs iront à la rencontre d’un « public qui a envie de s’ouvrir aux autres », brigue Yakoub Abdellatif, qui organise avec l’association Premice la première édition du festival Lumières de livres. Une sorte de pendant littéraire au festival de musiques du monde Voyage au cœur de l’été que cet Amiénois a créé il y a vingt ans et qui anime le cloître Dewailly les soirs de juillet. Enfant de harkis, Yakoub Abdellatif a tissé ce nouveau rendez-vous autour d’un sujet qui lui tient à cœur : le devoir de mémoire.
« Le passé n’est pas un fardeau »
Lui-même auteur, il a raconté son histoire dans le livre Ma Mère dit “Chut”, sorti en 2017, ou encore dans la pièce de théâtre Héritage, parue en 2024. Pour lui, « le passé, aussi douloureux soit-il, est une richesse, pas un fardeau. Sans lui, nous n’aurions rien à raconter. Aujourd’hui, mes parents ne sont plus là mais ils ne sont pas morts. J’ai récolté leurs graines et ce sont eux qui parlent à travers moi ». Les auteurs invités ont en commun ce même désir de transmettre. Comme Jonathan Hayoun, spécialiste des littératures ashkénaze et séfarade. Il s’exprimera le 4 octobre, à 9h30, à la bibliothèque Louis-Aragon sur “l’humour, instrument de la mémoire face au tragique”.
Kafka, Camus…
À 14h30, toujours à Aragon, Ameziane Amena et Saïd Merabti témoigneront de leurs expériences de la guerre d’Algérie. L’un issu d’une famille indépendantiste, l’autre dont le père fut enrôlé dans l’armée française. L’échange promet d’être passionnant. Abdoulaye Kanté reviendra, lui, sur son parcours raconté dans Policier, Enfant de la République et les difficultés d’exercer ce métier en tant que Noir et musulman (15h, à la préfecture). Même heure, à l’hôtel des Feuillants, Jean-Michel Géa offrira une vision éclairée sur les correspondances des poilus. Le lendemain, la réflexion de l’essayiste franco-tchèque Maïa Hruska, qui s’est penchée sur la question de la traduction, portera sur “Franz Kafka, Milan Kundera : qu’est-ce que la petite nation d’Europe centrale ?” (11h, à Dewailly). Tandis que Zedjiga Abdelkrim abordera “L’Algérie d’Albert Camus” (19h, à la Comédie de Picardie). Cette professeure de lettres à Amiens a notamment collaboré à la nouvelle édition des OEuvres complètes de l’auteur de L’Étranger dans la prestigieuse collection La Pléiade.
Candice Cazé
Lumières de livres
Les 4 et 5 octobre
06 85 97 71 81 – 09 63 50 88 65
Programme complet : Facebook de Lumières de livres
Gratuit - Réservation conseillée