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Douche froide et colère noire

Le financement du barreau ferroviaire devant connecter Amiens au réseau TGV et à Roissy n'est plus assuré. Les collectivités locales somment l’État d’y remédier.

Douche froide et colère noire  © Laurent Rousselin / Amiens Métropole
Le TGV arrivera-t-il à Amiens ? Les élus locaux réclament un réengagement clair et daté.

28.06.2023

JDA 1052

Ils se sont réunis en urgence, et leur colère n’est pas retombée. Deux jours après avoir appris que la Commission européenne a refusé de cofinancer le barreau Picardie / Roissy, les présidents de la Région, du Département, d’Amiens Métropole, les maires d’Amiens et de Creil se sont retrouvés à l’hôtel de ville d’Amiens. Là même où, en mars 2017, un Premier ministre (Bernard Cazeneuve) avait engagé par contrat l’État sur sa réalisation. Un engagement réitéré par Emmanuel Macron en novembre 2021, toujours à Amiens et calendrier à l’appui – « L’objectif d’une ouverture pour 2025 sera tenu », disait alors le président de la République. La colère des élus locaux ne se dirige pas contre l’Europe, mais contre SNCF Réseau, censé défendre un dossier que la Commission aura retoqué deux fois. Avec l’idée que cet organisme, dont l’État est pourtant l’unique actionnaire, n’a pas cherché à jouer le jeu. Et est donc allé contre la volonté même des autorités qu’il représente.

Respecter la parole donnée

Ce barreau de 6,5 km, plébiscité par les Picards et répondant aux exigences du développement durable, a pour but de connecter Amiens à Roissy, Lyon, Marseille ou Strasbourg. Pourquoi reste-t-il alors bloqué ? Alain Gest, le président d’Amiens Métropole, « s’interroge sur le calendrier, voire la réalisation tout court », alors que Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, annonce que « des rames ont déjà été commandées » par la Région et que Brigitte Fouré, maire d’Amiens, rappelle que cette liaison « est attendue depuis des dizaines d’années ». Tous demandent à l’État de prendre en charge la part de l’Europe dans un projet qui depuis 2017, entre inflation, mauvaise évaluation et divers ajouts, sera passé de 350 à 570 M€. Dans une lettre au ministre des Transports, ils réclament un comité de pilotage dès la rentrée qui confirmera l’engagement de l’État et refixera un calendrier. Pour que cette infrastructure déclarée prioritaire le devienne vraiment. Et que la parole donnée soit enfin respectée.

Alexis Durand