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Laure Nicolas milite pour une alimentation durable et accessible à tous. Et s’apprête à ouvrir la première forêt comestible de la ville.

Femme nature © Laurent Rousselin - Amiens Métropole
«Montrer l’exemple vaut tous les discours »
© Laurent Rousselin - Amiens Métropole

05.05.2021

JDA 980

Autour de l’Amiénoise Laure Nicolas, en ce dimanche ensoleillé, des bénévoles de tout âge peaufinent dans la bonne humeur une forêt comestible sur l’île Sainte-Aragone. Ce projet expérimental, porté par cette pétillante quarantenaire, se concrétise sur une partie de la parcelle des Terrasses des bords de Somme (JDA #922). En un an et demi, 35 chantiers menés par une cinquantaine de personnes – dont sa fille, son fils et son compagnon ont métamorphosé 1 500m2 de friches en un verger, futur lieu d’éducation à l’environnement et à l’alimentation durable. En septembre, la Forêt d’Aragone devrait accueillir écoliers, collégiens et habitants des quartiers voisins de Saint-Maurice et d’Étouvie. Ils pourront observer la biodiversité mais aussi cueillir et goûter aromates, pommes, poires et fruits rouges au fil des saisons. Un nouvel outil pour reconnecter chaque citoyen à l’acte alimentaire, credo de la cofondatrice et unique salariée de De la graine à l’assiette, asso qu’elle a créée en 2009. «Au-delà de la santé, la façon dont on se nourrit a un impact sur l’environnement », pointe cette ambassadrice du jardinage et du bien-vivre alimentaire en Picardie. Ce modèle basé sur l’agroforesterie sert la biodiversité et devrait nécessiter moins d’entretien qu’un jardin. Car Laure s’attache à proposer des solutions écologiques et économiques accessibles. À l’image de la lutte contre le gaspillage alimentaire – « la base » – qu’elle mène dans les écoles. «Montrer l’exemple, comme lors de nos ateliers culinaires ou des banquets antigaspi, vaut tous les discours. On crée du positif. Avec la forêt, je veux m’adresser notamment aux plus précaires. On ne peut dissocier le social de l’écologie. »

CHARME ET BAGOU

Ce prototype pourrait, grâce à ses bénévoles, « se multiplier à Amiens et au-delà », espère celle qui à 14 ans se rêvait avocate « pour défendre les grandes causes ». Originaire de Clermont-Ferrand, Laure s’engage ado à la SPA d’Auvergne, fait des études de droit et des stages d’été dans des associations comme France nature environnement… À Strasbourg, elle décroche son DESS grâce à un mémoire sur les grenailles de plomb, responsables de la pollution des zones humides, puis rejoint Paris à 25 ans. Lutte contre les déchets, contre la pub papier, les panneaux publicitaires illégaux au sein d’assos indépendantes : la juriste rend le droit accessible aux citoyens. Et s’affirme avec charme et bagou. « Je suis petite et je suis une femme. J’ai appris à négocier et à poser mes idées. »

 

LA FORCE DU COLLECTIF
En 2008, elle suit son compagnon à Amiens. « J’ai tout de suite eu le sourire en arrivant ici. J’ai rencontré des gens très accueillants. » Aujourd’hui encore, au cœur de cette forêt, chacun apporte sa pierre à l’édifice. « Je ne demande pas d’argent mais du temps. Je crois en la force du collectif, au partage de compétences… » Se nourrir de l’altérité, essentiel pour cette voyageuse qui espère reprendre le large. Quatre mois passés en Asie avec sa petite famille il y a deux ans l’ont persuadée de la cohérence de son projet. « Là-bas, il y a des fruitiers plein les rues. Chacun peut en profiter. » Et c’est tout naturel. Comme elle.

//Coline Bergeon