Grand orgue : bientôt le grand retour
Le grand orgue de la cathédrale, en cours de remontage, devrait à nouveau donner de la voix dans un an.
06.12.2023
JDA 1065
Il y a de la vie derrière la toile qui représente, à taille et emplacement réels, le grand orgue de Notre-Dame. L’impressionnant échafaudage de 100 tonnes ainsi occulté grimpe jusqu’à la rosace – on y atteint la hauteur maximale sous voûte, soit 42 mètres. Les artisans s’affairent à tous les étages pour remonter, pièce par pièce, l’instrument déposé en 2020 (lire ici l’article du JDA #954) puis parti en réparation chez des facteurs d’orgues. La restauration en atelier étant achevée, l’heure est à sa réinstallation.
Deux mois de rodage
Ce retour du grand orgue de 1429 remanié au fil des siècles (notamment en 1889 par Cavaillé-Coll et en 1937 par Roethinger) s’opère sous l’œil des spécialistes de la conservation régionale des monuments historiques (Drac Hauts-de-France, maître d’ouvrage car l'État est propriétaire de l'orgue et de la cathédrale) et de l’archiviste diocésain Aurélien André. La première phase intensive, entamée mi-novembre, va se conclure pour les fêtes de fin d’année. Puis, pendant l’hiver, l’échafaudage devrait baisser d’un ton pour la suite du remontage. Après plusieurs mois nécessaires à son rodage et aux travaux d'harmonisation sonore, le grand orgue pourrait être inauguré fin 2024.
Près de 5 000 tuyaux
Sommiers, tourelles, tribune, boîte expressive du récit, buffet, porte-vent, bourdon, console, positif... Le jargon lié à l’orgue est presque aussi imposant que l’instrument lui-même, qui compte largement plus de 1 000 morceaux. « Il y avait 3 764 tuyaux à la base, et un millier a été ajouté afin de pouvoir jouer dans les deux états de l’orgue, celui de 1889, romantique, et celui de 1937, néo-classique », explique Aurélien André. Autre possibilité nouvelle : actionner la soufflerie à l’ancienne, avec quatre personnes sur des pédaliers, en coulisses ! « Même sans électricité, l’orgue pourra toujours retentir », sourit l’archiviste. Une garantie sur l’avenir ?
Jean-Christophe Fouquet
Nouvel écrin
De tels échafaudages n'étant pas installés tous les jours, c’était l’occasion pour la Drac de « restaurer les polychromies du XIIIe siècle autour de la rosace, des traits blancs sur fond ocre qui, vus de loin, simulent un parfait appareillage de pierres », expliquent Nathalie Hego et Anita Oger-Leurent, de la Drac. La travée de la rosace a ainsi été restaurée jusqu’au passe-corde de la voûte (ci-contre), qui a aussi retrouvé ses couleurs d'origine. Des éléments plus récents – du XVIIIe siècle, invisibles du sol – sont restés en l’état « à titre documentaire ».