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L’enseignant-chercheur Amiénois Mathieu Hainselin lie avec brio psychologie et improvisation théâtrale. Une association qui ne doit rien au hasard.

L’impro vise juste  © Noémie Laval

17.03.2021

JDA 975

Avec la crise du Covid et son cortège de fake news, Mathieu Hainselin, chercheur en psychologie, a pris l’habitude de contrer les infox sur Twitter et autres réseaux sociaux. « L’humain n’aime ni le vide, ni l’incertitude. Quand on rencontre un phénomène, on cherche une explication. Il y a quelques siècles, beaucoup pensaient que les éclairs étaient tirés par Zeus. Pour contrer les effets de ces infox, ce qui marche le mieux, c’est l’éducation », affirme l’enseignant à l’université de Picardie Jules-Verne depuis 2013.

 

DE LA SCÈNE À LA FAC

Cet Amiénois de 36 ans à l’humour pince-sans-rire est passé maître dans l’étude des biais cognitifs, ces mécanismes de pensée à l’origine d’une altération du jugement. Lors de ses premiers cours, il s’amusait à disséquer un faux syndrome à ses élèves avant de leur révéler la supercherie. « Je leur disais : “C’est pour éviter de vous faire berner que l’on va travailler ensemble ce semestre”. » Un goût pour la mise en scène qui lui vient sûrement de sa passion pour l’improvisation théâtrale. Après un master 1 décroché à Amiens, il avait poursuivi son cursus universitaire à Angers puis à Caen. C’est là, après avoir applaudi un spectacle, qu’il goûte à l’impro : « J’ai été fasciné par l’énergie et la spontanéité des comédiens. Quatre jours plus tard, je m’inscrivais à un atelier et au bout de trois semaines je montais sur scène dans un festival. Depuis, je n’ai jamais arrêté ».

 

DE L’IMPRO AU PRO

Cela fait neuf ans qu’il est un membre actif du Mouvement d’improvisation Amiénois (Miam). Et ne loupe jamais le cours du jeudi soir. Mais ce qui aurait pu rester un hobby s’est rapidement intégré à son champ professionnel. « L’improvisation s’est imposée à mes sujets d’études que sont la mémoire et l’apprentissage. J’en ai fait à la fois un outil et un objet d’expérimentation. J’analyse les effets produits sur la mémoire mais aussi sur le bien-être, l’estime de soi. » Malgré les freins de certains collègues, le trentenaire, pugnace, n’a rien lâché. Aidé des membres du Miam et de La Boîte d’impro, il en a même conçu un outil essentiel de son enseignement.

 

JEUX DE RÔLE

Il organise notamment des sessions d’improvisation au sein de SimuSanté pour ses étudiants. Ces derniers endossent alors le rôle de psychologue et sont confrontés à des situations où seule l’amorce du scénario leur est donnée. « Comment réagir devant un patient agressif, face à un couple hargneux ? L’exercice permet d’améliorer la gestion de la parole et des émotions. » Une pédagogie qu’il met également à disposition des enseignants et des professionnels souhaitant s’améliorer en aisance orale ou dans la résolution des conflits. Entre ses heures de cours, ses interventions, son blog et son site Internet (improfpsy.com), ce fervent supporter de l’équipe de foot de Liverpool n’a plus le temps de taper la balle en club. « Désormais, c’est avec ma fille dans mon jardin »... quand il n’est pas en quête de financement pour son projet d’étude mené de concert avec un collègue américain. Son sujet ? Les effets psychologiques de l’improvisation. Ça ne s’improvise pas !

//Stéphanie Bescond