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La première campagne de souscription du Musée de Picardie bat son plein. Présentation de l’objet du désir : une broderie du XVIIe siècle, chef-d’œuvre des Ursulines d’Amiens.

La broderie des Ursulines, point par point 1 © Irwin Leullier

21.02.2024

JDA 1074

Il s’agit d’une « opération hors du commun pour une pièce hors du commun », déclare les yeux brillants François Séguin, conservateur au Musée de Picardie. La première campagne de souscription participative du Musée a ainsi été montée pour acquérir ce « chef-d’œuvre des Ursulines » brodé au XVIIe siècle par les religieuses afin de parer l’autel (antependium) de la chapelle de leur couvent amiénois. Une broderie d'environ un mètre sur trois a refait surface après avoir circulé pendant cent vingt ans chez des collectionneurs et est déjà en dépôt au Musée de Picardie.

Bel engouement 

Mais avant d’envisager son exposition, il faut procéder à son achat. Coût : 250 000 €. La part financée par Amiens Métropole, le Musée et leurs partenaires institutionnels dépendra de la somme collectée par souscription. Le grand public peut participer en ligne jusqu’au 17 mars. Le plafond initial (mais dépassable) de 15 000 € est déjà quasi atteint. « Nous en étions à 11 000 € au bout de cinq jours, avec des dons allant de 2 € à 1 000 €, indique Frédéric Desfeuillet, chargé de la communication et du mécénat au Musée. On sent une envie extraordinaire de la part du public. Et même pour 2 €, les donateurs auront leur nom sur le cartel d’exposition. »

Un bout d’histoire 

Outre cette démarche en ligne, la campagne de mécénat suit son cours auprès des entreprises. Bien sûr, les dons permettent des déductions d’impôts. Quand l’œuvre sera-t-elle visible par tous ? Difficile à dire, mais « peu après l'acquisition », indique Pierre Stépanoff, le directeur du Musée. À l’heure actuelle, le Musée de Picardie possède déjà une poignée d’œuvres des Ursulines (et une quarantaine d’autres en dépôt). L’arrivée de l’antependium viendra couronner cette collection et « rendre une partie de leur histoire aux Amiénois », approuve Pierre Savreux, vice-président d’Amiens Métropole délégué à la culture et au patrimoine.

Jean-Christophe Fouquet

Comment participer ?

Entreprises : service mécénat du Musée au 03 22 97 14 00

Particuliers : kisskissbankbank.com/fr/projects/broderie-amiens

La broderie des Ursulines, point par point 7 © Irwin Leullier

Détails de la broderie

Les trois saints

S1 La pièce centrale, Vierge à l’enfant accompagnée de saint Jean-Baptiste.

S2 Le martyre de sainte Ursule, à la poitrine percée d’une flèche.

S3 L’apparition de Dieu et du Saint-Esprit à saint Augustin, l’auteur des règles monastiques suivies par les Ursulines.

 

Les deux allégories

A1 La Charité et son cœur enflammé. À ses pieds sur le cadre, l’aigle de saint Jean (à gauche) et l’ange de saint Matthieu (à droite).

A2 La Foi, son hostie et sa croix pour transpercer le mal. À ses pieds sur le cadre, le lion de saint Marc (à gauche) et le bœuf de saint Luc (à droite).

Des détails à voir

Légende des photos :

D1 Des matériaux luxueux accompagnent la laine. Des fils de soie pour les cheveux, des pierres précieuses et des fils d’argent (oxydés, donc désormais noirs) ou d’or afin de refléter la lumière.

D2 Deux médaillons en camaïeu de blanc et bleu. À gauche, un épisode de l’Ancien Testament, la grappe de Canaan (vin). À droite, un épisode du Nouveau Testament, le Christ et la Samaritaine au puits (eau).

D3 Une portion abîmée dévoile le dessin préparatoire sur le patron.

D4 Des parties brodées en relief simulent un encadrement, autre signe d’expertise.

FIL CHRONOLOGIQUE

  • 1616 L’ordre des Ursulines, fondé au XVIe siècle en Italie, installe un couvent à Amiens rue des Jacobins.
  • 1627 Création de son atelier broderie sous l’impulsion de Madeleine Varin, fille d’un peintre du roi. Il va produire des pièces religieuses et laïques, dont une descente de lit pour Anne d’Autriche.
  • 1660-1680 L’antependium est brodé pour orner en de grandes occasions l’autel de la chapelle, assimilée par des commentateurs contemporains à un “paradis terrestre”.
  • 1789 Le couvent est supprimé pour devenir une gendarmerie.
  • 1817 Les Ursulines rachètent une partie de leur couvent et l’étendent.
  • 1886 La broderie est exposée au Musée pour les cinquante ans de la Société des antiquaires de Picardie.
  • 1904 Départ des Ursulines, installées au XIXe siècle dans l’actuelle école Sainte-Clotilde, suite à la loi Combes. La broderie arrive sur le marché de l’art.
  • 1914 Retour des Ursulines à Amiens.
  • 1997 Pierre-Marie Pontroué, auteur d’une exposition sur le sujet en 1992, confirme que l’antependium existe toujours, en Belgique.
  • 2014 Les Ursulines ferment leurs portes.
  • 2024 L’actuel propriétaire de l’œuvre passée de main en main souhaite qu’elle devienne publique. Il sollicite le Louvre, qui donne la primeur à Amiens, où l’œuvre arrive fin janvier.