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Le couvreur de Notre-Dame de Paris est amiénois

Émile-Armand Benoit a rencontré sa vocation à 14 ans avec la cathédrale d’Amiens et mène depuis deux ans le chantier de couverture de Notre Dame de Paris. Rencontre.

Le couvreur de Notre-Dame de Paris est amiénois  © D.R.

08.01.2025

JDA 1103

Le monde a eu les yeux rivés sur Notre-Dame de Paris. Lui aussi, mais au plus près. Et à 90 mètres de haut. Dans quelques jours, Émile-Armand Benoit remontera tout là-haut. Là où il a déjà passé des mois en 2024. Ce natif d’Amiens est chef d’équipe des quatorze couvreurs qui recouvrent de plomb la flèche de la cathédrale de Paris. « Il y a encore la base de la flèche, sa jonction avec le reste de la toiture, décrit-il. Il y en a bien encore pour six mois. » Le couvreur de 39 ans se consacre à 100 % à ce chantier hors norme. « Quand on n’est pas là-haut, on est en atelier devant une matrice à l’échelle un pour ajuster les pièces. »

Meilleur ouvrier de France

La beauté des monuments d’exception, l’homme connaît : « J’ai fait la cathédrale de Rouen, le château de Versailles ou celui de Fontainebleau ». Les toits haussmanniens de Paris aussi. Il s’en était même fait une spécialité. « Après des années portées sur les monuments historiques, je m’étais installé à mon compte, raconte Émile-Armand. Je faisais beaucoup de copropriétés. Peut-être trop. J’avais envie de revenir aux monuments. » L’entreprise Le Bras, qui a le chantier de Notre-Dame, le contacte. Car monsieur a un beau CV : meilleur ouvrier de France en 2015. « Le regard qu’on porte sur votre métier change alors », confie celui qui a toujours eu le bon pour ce métier.

 

Rencontre avec Maurice Duvanel

C’était à une fête de village à Rollot, à l’est de la Somme. Il se souvient même de la date – « le 6 juin 1999 » – comme on n’oublierait pas un anniversaire de mariage. Ce jour-là, l’adolescent Émile-Armand Benoit épousait son destin. « Mes parents qui étaient restaurateurs aux Marissons à Saint-Leu (aujourd’hui, Le Lobby, ndlr) tenaient un stand de crêpes. À côté, c’était Maurice Duvanel, couvreur et professeur au lycée pro de l’Acheuléen, grand passionné d’archives de la cathédrale. Il avait un stand où il faisait taper sur un bout de plomb comme le toit de la cathédrale d’Amiens. J’ai su que c’était ça que je voulais faire. »

 

La foi professionnelle

À 14 ans, adieu la filière générale et les éventuelles projections familiales sur une carrière de médecin. Émile-Armand quittait la Sainte-Famille rejoignait le lycée et les cours de Maurice Duvanel pour apprendre la couverture. Avant le centre de formations des apprentis et l’alternance chez le couvreur Caux. « Mon père m’a dit : “Sois couvreur mais pas simple couvreur”. » Il a cru en lui et en toit.

Antoine Caux