Le retour de la momie
La momie du Musée de Picardie rejoint les salles d’archéologie après un passage au Centre de recherche et de restauration des musées de France. Retrouvailles festives les 11 et 12 février.
08.02.2023
JDA 1037
C’est la Joconde du musée d’Amiens. « Enfin, avec la Vénus de Renancourt ou Lady Godiva », ne voudrait pas froisser Agathe Jagerschmidt-Séguin, conservatrice des collections archéologiques. Setjaimengaou, la momie exposée au sous-sol du musée amiénois, sidère et fascine des générations de visiteurs depuis l’ouverture du bâtiment en 1867. Si bien que, depuis un an, ils étaient nombreux à regretter son absence. Car en 2022, Setjaimengaou s’est offert une cure nécessaire. « Il y avait sur elle de la poussière, des bouts de verre, décrit Agathe Jagerschmidt-Séguin. C’était indigne parce qu’il s’agit d’un être humain. »
La science a parlé
La momie a donc été transférée au Centre de recherche et de restauration des musées de France à Versailles qui l’a auscultée, radiographiée, infrarougisée... et même passée à l’accélérateur de particules. Et la science a parlé. « On était persuadé que ses yeux avaient été ajoutés au XIXe siècle. Or ils ont adhéré aux produits de momification, révèle la conservatrice. On sait maintenant que le blanc est en albâtre égyptien et le noir de l’iris en obsidienne. » Autres révélations : Setjaimengaou a été débandée à son arrivée à Amiens, elle était plus petite que ce que les spécialistes imaginaient – « sa colonne vertébrale était disloquée » –, et elle porte des traces d'accouchement (à moins que ce ne soit des manipulations du bassin post-mortem). Le scanner réalisé avec du matériel de pointe au CHU Amiens-Picardie, qui a notamment observé une carie, n’a pas encore révélé toutes ses analyses. Deux mille sept cents ans après sa mort, Setjaimengaou, qui retrouve le Musée avec une nouvelle présentation, garde encore quelques secrets.
Antoine Caux
Le Retour de la momie & des cercueils
Musée de Picardie, à partir du 11 février
03 22 97 14 00