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Cécile Manaouil, médecin légiste et juriste, a été élevée au grade de chevalier de la Légion d’honneur pour son travail en faveur de celles et ceux qui subissent des violences conjugales et intrafamiliales.

Le soin et la loi  © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

20.01.2021

JDA 969

Elle fait partie des sept professionnels de santé du CHU Amiens-Picardie promus dans l’ordre national de la Légion d’honneur le 1er janvier dernier. Si ses confrères l’ont été pour leur investissement dans la lutte contre le Covid-19, Cécile Manaouil, élevée au grade de chevalier, s’est distinguée pour son engagement en faveur des victimes de violences conjugales et intrafamiliales. « Une surprise, sourient les pétillants yeux verts de cette médecin légiste, cheffe du service de médecine légale et sociale. C’est un honneur et un encouragement à poursuivre. »

 

PROTOCOLE INÉDIT EN FRANCE

Depuis juillet, à l’hôpital d’Amiens, un protocole établi « avec le parquet, la gendarmerie, la police, les services sociaux et des associations » simplifie le parcours des victimes de violences. « Des femmes, bien sûr, mais pas uniquement, précise Cécile Manaouil. Les hommes et les enfants peuvent aussi en être victimes. » Ce dispositif donne la possibilité au patient majeur (ou à l’un des parents s’il s’agit d’un mineur), dès sa prise en charge à l’hôpital, de remplir un formulaire de signalement des faits, transmis ensuite aux forces de l’ordre pour l’ouverture d’une enquête. Et de bénéficier directement d’un examen médico-légal. Avant ce protocole, inédit au niveau national, les victimes devaient déposer plainte au commissariat après leur passage aux urgences, puis retourner à l’hôpital faire constater leurs blessures. « Un parcours assez décourageant, en particulier dans les cas de violences conjugales. Les femmes déposent rarement plainte dès la première agression... »

 

UNE OREILLE ATTENTIVE

« Protéger les victimes sans distinction », c’est le credo de cette « fille de profs de collège », lycéenne à Louis-Thuillier, qui se voyait généraliste, « au contact des gens ». C’est sur les bancs de la fac de médecine d’Amiens que ce « produit local » se découvre un goût pour le droit – « on nous enseignait quelques notions juridiques » – puis trouve sa voie lors d’un stage en médecine légale, « spécialité qui allie [ses] deux passions ». Loin de l’image d’Épinal véhiculée par les séries policières : « Médecin légiste, ce n’est pas que pratiquer des autopsies. On voit davantage de vivants que de morts. On reçoit en consultation des victimes d’accidents, de maltraitance, d’agression... On évalue les répercussions sur leur vie, il faut être à l’écoute. »

 

L’ENVIE DE TRANSMETTRE

Titulaire d’un DEA en droit social et d’un doctorat en droit privé, Cécile Manaouil est experte auprès de la cour d’appel d’Amiens et professeure à l’université de Picardie Jules-Verne. « J’avais envie d’enseigner, d’expliquer aux étudiants le droit appliqué à la médecine. Mes cours sont enrichis de situations cliniques et actualisés en fonction des nouvelles lois. On devrait tous avoir des notions de droit. C’est important au quotidien. » Entre les consultations, les cours – « moins vivants malheureusement en visio » –, les publications, des recherches pour le Centre de droit privé et de sciences criminelles d’Amiens et sa vie personnelle, cette mère de trois enfants est bien occupée. « Notre activité n’a pas baissé avec la crise. Il me faudrait des journées de 37 heures ! » Cécile Manaouil s’impatiente néanmoins d’enlever son masque, de fréquenter théâtres et restaurants, de reprendre la zumba... Et pourquoi pas « d’organiser une cérémonie » avec ses confrères pour fêter leurs décorations. Dès que la situation le permettra.

//Coline Bergeon