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Il a délaissé le foot de sa jeunesse amiénoise pour prendre la roue de son paternel, ancien coureur cycliste. Jean-Pierre Vanhaverbeke roulait sur les cycles Dilecta. En plein boom du vélo, son fils Éric ressuscite la marque disparue en 1968.

Le vélo, avec Dilectation © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

31.03.2021

JDA 977

Son regard peut vite devenir intense, surtout face à un vélocipède. Qu’il s’agisse d’une précieuse antiquité où d’une banale bicyclette, l’homme en connaît un rayon (X) : quelques secondes lui suffisent pour décomposer un vélo. Il faut dire qu’Éric Vanhaverbeke, dont la famille, venue de Lille, est arrivée à Amiens en 1968, a passé sa vie près des petites reines. Et dans son domaine, il est plutôt “cadre” (sup’) : après ses études de commerce à l’UPJV, il a intégré MBK Saint-Quentin – « Un hasard, je cherchais dans le sport en général » –, puis grimpé à la direction marketing. Le début d’une carrière de dirigeant à l’international, notamment pour Look Cycle ou Hutchinson et pour de l’événementiel sportif.

 

Cycles en circuit court

Cette longue expérience ne l’empêche pas d’être saisi face à l’explosion du marché du deux-roues depuis la crise du Covid : « En vingt-cinq ans, je n’avais jamais vu ça ! ». Une situation qui coïncide avec la résurrection cette année, à son initiative, des vélos Dilecta, nés en 1913 : « Il y a une pénurie de composants, mais heureusement nous privilégions les circuits courts et la fabrication artisanale française. Il faut plus de vingt heures pour fabriquer un cadre comme celui-ci [il montre celui de son vélo], sans la peinture. Un travail d’orfèvre ». D’où des produits haut de gamme qui cultivent l’élégance sportive, à l’image d’Éric Vanhaverbeke. Mais pourquoi Dilecta ? « Je cherchais une marque française à relancer quand je suis tombé sur une photo de mon père en maillot Dilecta. » Tilt ! L’entreprise avait fermé ses portes en 1968, elle revient en 2021 : « La marque a connu la gloire entre les années 20 et 60, notamment grâce aux frères Pélissier, les “forçats de la route” décrits par Albert Londres, et à André Darrigade, champion du monde en 1959. Mais elle n’a pas su négocier le virage des cyclomoteurs », explique le passionné de vélo comme « art de vivre ».

 

Toujours amiénois

Si c’est dans l’Indre, où la marque a été inventée, qu’il la fait revivre, Éric Vanhaverbeke se sent toujours amiénois : « Même quand j’étais à New York ou Milan, je me faisais ambassadeur d’Amiens ». C’est d’ailleurs ici, « hasard incroyable », qu’il a trouvé un Dilecta de 1951, pièce de collection ayant appartenu à Jacques Dupont, champion olympique du kilomètre en 1948 et double vainqueur de Paris-Tours. Il le garde jalousement dans la maison familiale de Cagny qui l’a vu grandir et où il passe une partie de son temps, partagé avec Paris et Aix.

 

Renaissances

Éric Vanhaverbeke n’a jamais été coureur professionnel, contrairement à son père Jean-Pierre, vainqueur du circuit de la Vienne en 1963 et troisième du Tour de l’Oise en 1964 avant d’être nommé conseiller technique régional de cyclisme de Picardie, un poste « créé par Charles de Gaulle après le fiasco français aux JO de 1960, pour mieux détecter et fédérer les talents ». C’est auprès de lui qu’il a, enfant, « écumé les routes de la région ». S’il a « toujours pratiqué le vélo pour le plaisir », le jeune Éric privilégiait le foot, à Amiens ou à Longueau. Désormais fraîchement quinquagénaire, il monte en selle au moins deux fois par semaine, parfois avec Paul Belmondo, ami et ambassadeur de Dilecta : « Cela fait partie de mon bien-être psychologique, comme la course à pied ». Un bien-être qu’il sait partagé : « Nous sommes de plus en plus nombreux, les vélos sortent des greniers. Et cela va continuer ! ».

//Jean-Christophe Fouquet