Les cabotans sur le bout des doigts
Philippe Leleux vient de publier un ouvrage retraçant l’histoire des célèbres marionnettes picardes, symboles d’un art populaire.
20.12.2023
JDA 1067
Un Lafleur et un Tchot Blaise trônent dans le dédale de sa librairie. Le premier, dans son iconique tenue de valet, est dû au sculpteur Jean-Pierre Facquier, ami et ancien voisin de Philippe Leleux – celui-ci lui a d’ailleurs consacré un livre en 2010. Le second vient de plus loin dans l’histoire bicentenaire des cabotans que le libraire-écrivain-éditeur relate dans son nouveau livre : « Ce Blaise de Jules Vallée date des années 30, c’est pour ça qu’il est habillé en ouvrier ». Car les cabotans, ces marionnettes traditionnelles menées par le frondeur Lafleur, ont su parler du (et au) peuple à travers les âges. C’est l’angle d’attaque qu’a choisi Philippe Leleux dans Les Cabotans d’Amiens, des marionnettes au service du peuple. Un livre « sérieux mais pas savant ».
Maintenir la flamme
L’idée lui en a été soufflée par Christophe Auvet, président de Chés Cabotans, troupe qui fête ses 90 ans. Fasciné par les marionnettes, leurs aspects « magique, artistique, politique », le libraire a relevé la tringle, lui qui rêve de sculpter et manipuler. Son lyrisme parfois gouailleur compile les informations issues de ses recherches et entretiens. On croise dans ces 80 pages illustrées Édouard David, Maurice Domon, René Lamps, Françoise Rose et les autres passeurs de cet art picardisant qui ont fait en sorte que « les feux de la rampe ne s’éteignent pas ». Les cabotans ont su traverser les guerres et résister aux écrans : pour un paresseux comme Lafleur – « paresseux au travail, mais courageux contre l’injustice! » –, voilà qui n’est pas une mince affaire. La voici racontée.
Jean-Christophe Fouquet
Les Cabotans d’Amiens, des marionnettes au service du peuple
De Philippe Leleux (éditions de la Librairie du Labyrinthe)