Les réfugiés du zoo
Le parc zoologique d’Amiens Métropole reçoit chaque année de nombreux animaux abandonnés, saisis par les autorités ou encore victimes du commerce international.
18.09.2024
JDA 1091
Une petite mygale du sud de l’Europe découverte dans un grand magasin en août. Un agame barbu (lézard exotique) errant dans les rues d’Amiens quelques jours plus tard. Près de 80 tortues de Floride recueillies depuis le début de l’année… Le zoo d’Amiens Métropole, haut lieu de conservation et de sauvegarde des espèces, joue les refuges malgré lui. Comme dans tous les parcs français, la place est rare pour ces pensionnaires qui demandent de l’attention, du temps et de l’argent. «On nous a encore déposé un python la semaine dernière », révèle Laure Garrigues, responsable scientifique du zoo «choquée par le nombre d’abandons ».
Trafics illégaux
Adopter un nouvel animal de compagnie (NAC) est une responsabilité que certains ne mesurent pas. Mais il y a aussi les dépôts liés à des saisies faites par la douane et la police… Ou encore des animaux victimes du commerce international, « comme l’une de nos grenouilles trouvées dans un carton de bananes ». L’Association française des parcs zoologiques fait le lien avec les autorités pour trouver une place adéquate à ces animaux sauvages, parfois protégés, objets de trafics. «On ne peut pas tout recevoir : un chimpanzé ne peut être accueilli ici, précise Laure Garrigues. Il y a quinze ans, quelqu’un nous a déposé un primate à l’entrée… À part les tortues de Floride, qu’il est illégal de détenir sans autorisation car elles représentent une menace pour notre environnement, on refuse tout placement demandé par un particulier. »
« Un animal, ce n'est pas un jouet »
Le zoo imagine des animations pour éveiller les consciences. «Un animal, c’est un engagement, ce n’est pas un jouet. Un reptile qui change de propriétaire développe un stress infini. » Ces pensionnaires ne sont majoritairement pas montrés au public, en tout cas pas avant que le zoo n’en devienne propriétaire. Dès leur arrivée, ils subissent une quarantaine. Certains demandent des soins. Puis, il y a un volet administratif et judiciaire. Dans les volières du parc, l’un des hiboux grands-ducs fait partie de ces animaux recueillis. «Mais la plupart restent dans notre salle d’élevage. Soit parce qu’ils ne rentrent pas dans notre plan de collection, soit parce que nous n’avons pas les locaux pour les présenter. Parfois, on réussit à leur trouver une place ailleurs… » À l’inverse, il arrive que le zoo récupère un animal recueilli par un autre parc, comme récemment un serval baptisé Prince Harry. Ce félin d’Afrique subsaharienne fait l’objet d’un commerce illégal. «C’est la mode des Savannah : une nouvelle race issue d’un croisement entre le serval et un chat domestique… », soupire Laure Garrigues.
Coline Bergeon