Les zones humides, zones à défendre
Le 2 février, c’est la Journée mondiale des zones humides. Amiens et Amiens Métropole sont particulièrement concernés par ce patrimoine écologique à protéger et proposent conférences et animations jusqu’au 8 février.
26.01.2023
JDA 1035
Il est urgent de restaurer les zones humides. C’est le thème de la journée mondiale 2023 qui leur est consacrée. Il y a encore quelques années, ce terme prêtait soit à sourire soit à générer la perplexité chez votre interlocuteur. « Elles ont même longtemps été associées à l’idée d’insalubrité, c’était là où on jetait les déchets... Les mentalités ont évolué », note Élisabeth Billet, de l’Ameva, le syndicat mixte qui veille à la gestion de la ressource en eau et des milieux aquatiques du bassin-versant de la Somme. De quoi parle-t-on ? Une zone humide, « c’est la partie intermédiaire entre la zone terrestre et la pleine eau », schématise Laurent Gavory, chef de projet espaces naturels à Amiens Métropole. Un eldorado de biodiversité (40 % de toutes les espèces au monde vivent ou se reproduisent dans les zones humides) capable de piéger cinq fois plus de carbone qu’une forêt, de stocker l’expansion d’un cours d’eau en cas de crue, d’épurer l’eau... « Ce sont des espaces naturels à conserver », a bien conscience Isabelle Savariego, vice-présidente d'Amiens Métropole déléguée à l'environnement et biodiversité. À Amiens et ses environs, l’intérêt pour les zones humides a peut-être été plus visible qu’ailleurs. Parce qu'elles y sont nombreuses, comme une caractéristique du territoire (1 519 hectares sur 35 000 de l’agglomération). Avec ses icônes : les hortillonnages, l’étang Saint-Ladre, le marais des Trois-Vaches... À l’origine de ses joyaux environnementaux, une raison : en creusant le plateau picard pendant un bon million d’années à l’ère quaternaire, la Somme a dessiné des méandres et un environnement forestier, lequel, en se décomposant, a généré la plus vaste vallée tourbeuse alcaline du nord de l’Europe.
Amiens labellisé
En 2017, les marais et tourbières des vallées de la Somme et de l’Avre étaient ainsi désignés zone humide d’importance internationale par la convention Ramsar (traité international de protection des zones humides, 2 400 sites labellisés et 170 pays signataires). Cette zone s’étale sur 13 100 hectares dont 1 473 pour l’agglomération amiénoise et 268 pour la seule ville d’Amiens. Depuis 2015, Amiens détient même le label des villes des zones humides accrédité par cette convention. Ce réseau de 43 villes à l’échelle du globe se réunira d’ailleurs en juin dans la capitale picarde. Aujourd’hui, à l’image du réchauffement climatique, l’intérêt des zones humides fait consensus. Et pourtant. 67 % d’entre elles ont disparu depuis 1970. 62 % ont cessé d’assurer leur mission sur la seule période 2010-2020. L’agriculture intensive et l’urbanisation en sont les responsables historiques.
67 % de zones disparues en cinquante ans
Mais les choses changent : « La révision générale du prochain Plan local d’urbanisme d’Amiens qui devrait être approuvé fin 2024 obéit à une thématique environnementale, les zones humides sont clairement à protéger », expose Vincent Massart à la direction de l’urbanisme d’Amiens Métropole. « Le changement climatique pèse et les zones humides sont un atout pour nous préserver des catastrophes naturelles comme les inondations », illustre Bruno Bienaimé, l'adjoint au maire d'Amiens délégué à la nature en ville. Car le changement est bien là : « Les tourbières sont très sensibles au manque d’eau et certaines ne sont plus actives », rappelle Élisabeth Billet. D’ailleurs, malgré les pluies diluviennes de janvier, le niveau de la nappe reste bas.
Antoine Caux
© Laurent Rousselin / Amiens Métropole
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