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Parmi la programmation d’Amiens Métropole pour la Journée mondiale des zones humides, la conférence du professeur Guillaume Decocq de l’UPJV et du CHU d’Amiens Picardie, le 7 février.

« On arrête le feu, pas l’eau » 1 © D.R.
Camon et le quartier La Vallée d'Amiens lors des inondations de 2001.

05.02.2025

JDA 1107

JDA : Votre livre, paru aux éditions du Rocher, s’appelle Boomerangs. Est-ce parce que l’action de l’homme se retourne contre lui ?

« On arrête le feu, pas l’eau » 2 © D.R.

Guillaume Decocq : Oui, l’esprit humain ne mesure pas que ses décisions ont un effet domino. On calcule à très court terme, en invoquant les bénéfices immédiats mais sans anticiper les impacts à long terme, parfois très indirects. Par exemple, la pollution ou l’imperméabilisation d’un sol peut être néfaste aux hommes.

Qu’est-ce qui menace l’homme au sujet des zones humides ?

On arrête le feu, pas l’eau: si on construit dessus, on se prive de zones d’épandage de l’eau en cas de fortes précipitations, qui va forcément se répandre de façon plus destructrice en aval. Il y a aussi les oiseaux migrateurs qui se posent sur ces zones inondables et vont entrer en contact avec l’homme et ses animaux domestiques, augmentant le transfert possible d’agents infectieux comme le virus de la grippe aviaire.

Existe-t-il d’autres risques ?

L’humidité dans les habitations peut favoriser la prolifération de champignons comme la mérule ou le polypore des caves à côté de Pas-en-Artois (inondé en 2016, ndlr). Certaines moisissures peuvent également libérer des toxines dangereuses. L’urbanisation des zones humides a un impact indirect sur la santé humaine.

Prêchez-vous dans le désert ?

Oui et non. Il y a beaucoup de greenwashing, comme quand on artificialise des zones naturelles en disant que l’on “compense” en plantant des arbres ailleurs. Mais la nature ne fonctionne pas comme ça. La solution n’est jamais simple, il faut une palette d’actions. Mais il faut remettre un peu de science en politique.

 

Bruno Bienaimé : « Il faut une volonté politique »

Amiens a accueilli le lancement national de la Journée mondiale des zones humides. « Et ce n’est pas un hasard », félicite Christophe Viret, de l’Office français de la biodiversité, saluant les efforts de la ville en la matière. « Ces zones ont diminué d’un tiers en cinquante ans alors qu’elles accueillent 40 % de la biodiversité », rappelle Bruno Bienaimé, adjoint au maire d’Amiens délégué à la nature en ville et à la transition écologique. Des chiffres confirmés par Luc Barbier, de Ramsar France: « La pression immobilière est toujours trop forte sur ces zones. Hélas, l’évolution environnementale est plus rapide que les documents d’urbanisme ». « Il faut que la volonté politique soit forte au départ, estime Bruno Bienaimé. À Amiens, le budget pour la transition écologique a été multiplié par quatre pendant ce mandat. » « Une dépense loin d’être inutile, insiste Christophe Viret. Compenser la disparition d’une zone humide coûte cinq fois plus cher à la société que son entretien. »

 

Propos recueillis par Antoine Caux

 

 

Conférence : Conséquences de l’érosion de la biodiversité sur la santé humaine

Le 7 février, à 18h30

Espace Dewailly

Entrée libre