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Petite enfance, grande mission

Une campagne nationale de valorisation des métiers de la petite enfance a été lancée alors que le secteur peine à recruter. Immersion à Amiens où les crèches municipales recensent 300 professionnels.

Petite enfance, grande mission © Laurent Rousselin

25.05.2023

JDA 1047

Zoé a les yeux en l’air et son yaourt finit par terre. Notre présence ajoute un peu à la gentille agitation de fin de repas, ce midi. À la crèche Babillages d’Étouvie, Bénédicte, la cheffe, avait mijoté des bruschettas pour les plus grands. Dans la pièce d’à côté, Axelle, en stage pour devenir éducatrice de jeunes enfants, aide Nahil à terminer sa compote, transformant le dessert en temps d’éveil. « Le repas est un moment de concentration pour l’enfant, décrypte Thomas Thorel, le directeur. S’en suit toujours une excitation qu’il faut savoir accompagner et canaliser vers un temps calme. » Alors, à l’étage, Florence lit dans un coin à cinq enfants agrippés à elle et à son histoire, gardant un œil professionnel sur Kingsley qui fait encore le show. « Il faut toujours faire sentir à l’enfant qu’il est sous notre vigilance », analyse encore le directeur. Pendant toute cette séquence, 17 couches auront été changées, une maman aura appelé, ne parlant qu’en anglais, et tout le personnel, sur le pont depuis 7h45, aura dû trouver un moment pour avaler quelque chose. « C’est un métier passion », souffle Ingrid, auxiliaire de puériculture, devant sa gamelle. Un métier qui semble manquer de bras. Pour la première fois, une campagne de valorisation a été lancée par le ministère des Solidarités. Encarts et pubs télé ont fleuri devant une réalité : 49 % des crèches manqueraient de personnels à l’échelle nationale

Un pool de remplaçants à Amiens

« Nous sommes peut-être épargnés à Amiens car nous disposons d’un pool de remplaçants », plébiscite Mylène Rabet, cheffe de service petite enfance. La petite enfance à Amiens, ce sont environ 300 professionnels répartis dans 14 crèches, dont une cinquantaine dans ce pool de remplaçants. Ils viennent parer à l’absence d’un titulaire sur de très courtes ou plus longues absences. Mylène Rabet confirme toutefois : « Ce sont des métiers sous tension, difficiles physiquement et psychiquement, qui se sont complexifiés et dont les missions se sont élargies. Des métiers pour lesquels on a du mal à fidéliser ». Les besoins vont pourtant se faire sentir. La moyenne d’âge des auxiliaires de puériculture dépasse largement les 50 ans. Le ministère annonce par ailleurs que 150000 assistantes maternelles (les nourrices) partiront à la retraite dans les prochaines années. Elles étaient 491 en janvier 2023 à Amiens (800 il y a dix ans).

Cinq relais petite enfance

« On a du mal à recruter, concède Séverine Catteau, responsable du relais petite enfance à Étouvie, l’un des cinq proposés gratuitement par la Ville qui accompagne les assistantes maternelles (conseils, ateliers) et aiguille les parents (renseignements et explications). Mais à Amiens, nous avons peu de difficultés par rapport au milieu rural. » « On s’interroge sur l’avenir », confie Thomas Thorel. Un institut au CHU Au CHU Amiens-Picardie, l’institut de formation d’auxiliaires de puériculture fait toujours le plein. Une année de formation pour une vingtaine de places seulement. Mylène Rabet y intervient: « Cette année, les 20 étudiantes savaient déjà ce qu’elles feraient après et ne se dirigeaient, hélas, pas vers les crèches ». Mais plutôt vers les postes hospitaliers. Axelle, elle, avait choisi d’abord le professorat. Elle termine son stage d’éducatrice à Babillages, sourire aux lèvres. Sans avoir eu besoin de campagne nationale pour épouser sa vocation.

Antoine Caux

chiffres

UNE FUTURE CRÈCHE AU BORD DE L’EAU

Fermée depuis 2015, l’ancienne école maternelle Au bord de l’eau, dans le parc de Beauvillé du quartier Saint-Pierre, sera réhabilitée en crèche par la Ville d’Amiens à horizon 2025. Elle réunira les effectifs des établissements Chapeau-de-Violettes et Câline. « Cette future crèche proposera un magnifique cadre verdoyant et une qualité d'accueil considérablement améliorée », souligne Hélène Bouchez, adjointe au maire déléguée au défi éducatif, à l'enfance, la jeunesse et la famille.

UNE FUTURE CRÈCHE AU BORD DE L’EAU © Laurent Rousselin