Programme de recherche sur les mortiers en pierre à partir du Xe siècle sur le site castral de Boves et dans la ville d’Amiens (Somme)
sous la direction de G. Verbrugghe (Inrap) en partenariat avec le service Archéologie Amiens Métropole et le Musée de Picardie.
27.10.2023
Amiens et sa région sont riches d'une importante collection de récipients en pierre qui couvrent trois catégories d'usage : les mortiers culinaires et pharmaceutiques, les mesures à grain pour étalonnage des prix sur les marchés publics et les bénitiers. La multiplication de leur découverte en contexte archéologique a motivé un programme de recherche dirigé depuis plusieurs années par l'archéologue Geert Verbrugghe (Inrap Grand Est). Généralement interprété comme des mortiers culinaires, l'accroissement régulière des collections livre aujourd'hui une grande diversité typologique et figurative qui remet en question les déterminations passées. La découverte de ces récipients sur des sites d'habitats carolingiens montre une diffusion plus ancienne et répandue dans le temps, peu étudiée jusqu'alors. Cet objet était largement répandu à Amiens et sa région au Moyen Âge, le corpus conservé dans les réserves archéologiques métropolitaines étant l'un des plus importants des Hauts-de-France.
L'Action collective de Recherche Inrap - Service Archéologie Amiens Métropole - Musée de Picardie est un partenariat mis en place en 2020 pour établir des fiches détaillées de la cinquantaine d'objets répertoriés sur le territoire métropolitain. L'étude comprend l'étude métrique, la pétrographie, les techniques de taille, l'expression artistique, la tracéologie (traces d'usure) et les analyses biomoléculaire (denrées contenues). Elle porte d'une part sur la collection de récipients en pierre bas médiévaux du Musée de Picardie constituée tout au long du XIXe siècle, en calcaire ou en grès. D'autre part, cette collection d'une grande homogénéité chronologique (XIVe-XVIe siècle) est à comparer avec les nombreux fragments issus des couches sédimentaires amiénois urbaines (cloître des Soeurs Grises, rue des Augustins, rue Gloriette par exemple) et castrales (château de Boves) soit une cinquantaine de fragments archéologiques peu connus du public. Ce corpus a été élargie à la grande couronne amiénoise avec les mortiers du prieuré fontevriste de Moreaucourt (com. L'Etoile) et de la maison-forte sur motte de Toutencourt. Ces objets sont calcaires ou en grès. Ces ustensiles sont des récipients de la vie quotidienne du Moyen Âge et de l'Epoque moderne. Sa familiarité quotidienne est évidente, au point de figurer sur l'une des chaires de la cathédrale d'Amiens.
Afin de mieux connaître cet objet, une première modélisation 3D de l'objet vient d'être effectuée par Yann Hubert, développeur multi-média de la direction de la communication d'Amiens Métropole.
Mortier calcaire trouvé dans le château de Boves, 1ère moitié du Xe siècle. Ce mortier avait été jeté dans les terres boueuses de la cour du château.
Pour aller plus loin : Ph. Racinet, R. Jonvel, Recherches pluridisciplinaires sur un terroir picard de l'époque antique à la révolution française. Complexe castral et prioral du "Quartier Notre-Dame". Boves (Somme), Revue archéologique de Picardie, n°38-spécial 2023, 476 p. G. Verbrugghe, "Les mortiers en pierre : un aspect méconnu de la culture matérielle du second âge du Fer et des périodes gallo-romaine et médiévale. Karine Boulanger; Cédric Moulis. Pierre à Pierre", dans Économie de la pierre de l'antiquité à l'époque moderne en Lorraine et régions limitrophes. Actes du colloque de Nancy des 5 et 6 novembre 2015, Presses universitaires de Nancy, p.251-260.