Quatre siècles d’histoire sous les doigts
Un clavecin Ruckers, pièce exceptionnelle des Musées d’Amiens, revivra bientôt dans un album solo de la musicienne amiénoise Hélène Diot.
16.10.2024
JDA 1095
Après la broderie des Ursulines récemment acquise par les Musées d’Amiens (lire ci-dessous), c’est un autre joyau qui s’apprête à sortir de l’ombre et du silence... Légué à la Ville par le collectionneur d’art Gérard de Berny, comme l’ensemble de son hôtel particulier, un clavecin de 1612, confectionné à Anvers par l’un des maîtres en la matière, Ioannes Ruckers (1578-1642), fera entendre son âme exceptionnelle sur un disque enregistré en novembre. C’est la claveciniste amiénoise Hélène Diot, professeure au Conservatoire d’Amiens Métropole, qui fera chanter ce stradivarius des clavecins. « Le Musée de Picardie m’a fait cette proposition, sourit la musicienne. J’avais toujours entendu parler de lui, un peu comme d’un mythe... »
Déposé au Musée de la musique
Car oui, « cet objet est compliqué, expose François Séguin, conservateur des Musées d’Amiens. Il n’a pas une fonction uniquement esthétique. C’est un instrument fragile ». Dans les années 1990, il a donc été mis en dépôt au Musée de la musique à Paris, qui a restauré son mécanisme, sa caisse, ses décors peints et sculptés. Et assure toujours son entretien. « Nous aimerions le voir revenir mais il faut lui assurer des conditions optimales de conservation et d’exposition », détaille Hélène Diot. La musicienne s’apprête à partir pour Colmar au Musée Unterlinden qui, du 23 octobre au 14 avril, présente le Ruckers amiénois au côté d’un cousin colmarien. L’idée d’un enregistrement sur site est alors née. Inédit pour cet instrument mais également pour Hélène Diot qui réalisera là son premier album solo.
« Fierté et humilité »
« C’est une émotion particulière, avoue la jeune femme qui a fondé l’association Somme toute baroque pour mener ce projet (lire ci-dessous). J’éprouve de la fierté et de l’humilité à jouer sur cet instrument de plus de quatre siècles. » La claveciniste a concocté un programme d’une heure avec des pièces contemporaines de cet instrument qui « contrairement aux autres Ruckers de l’époque, très recherchés et modifiés, n’a connu qu’un léger ravalement en 1733 ». Une véritable immersion dans le XVIIe siècle !
Coline Bergeon