Reconstruire la reconstruction
Le Ciap braque ses projecteurs sur la reconstruction, des gravats de mai 1940 au confort moderne. Une exposition en béton.
20.11.2024
JDA 1098
D’abord, il y a Perret, dont on fête les 150 ans de la naissance. Dans l’imaginaire collectif, le travail de l’auguste architecte, auteur de la gare et de la tour totémique d’Amiens, résume l’après-guerre : des lignes dures et du béton armé. Au point de reléguer dans l’ombre le véritable chef d’orchestre de la reconstruction, Pierre Dufau, qui a dirigé une centaine d’architectes. La reconstruction d’Amiens, c’est un plan envisagé dès l’automne 1940 et sur lequel Dufau cesse de travailler en 1961, un an après l’inauguration de la tour. Elle ne s’achèvera qu’en 2014 quand les appartements de la place au Feurre combleront les derniers trous des bombes de mai.
Plans sur table rase
Le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (Ciap) d’Amiens Métropole, accessible par les locaux de l’office de tourisme, raconte tout cela dans sa nouvelle exposition accompagnée de conférences et d’activités. Point de départ : les photos des béances de 1940 avec un centre-ville détruit à 75 %. Point d’arrivée : le concours d’architecte en vue de coiffer la tour Perret en 1999. Sur le chemin : les baraquements de fortune, la brique concassée, les Isai (Immeubles sans affectation immédiate, tels ceux de Faidherbe), l’ère de l’automobile, le confort moderne, les statues et bas-reliefs... Et des plans et dessins d’architectes, dont certains non concrétisés, telle la place au Fil avec des arcades dignes d’Arras (!).
Patrimoine mal aimé
Textes, photos, vidéos, maquettes et mobilier font revivre cette ville nouvelle. Celle d’aujourd’hui : cité scolaire en 1953, halles en 1956, gare en 1957, Maison de la culture en 1966... Un « patrimoine parfois mal compris, mal aimé, rappelle Pierre Savreux, vice-président d’Amiens Métropole délégué à la culture. Si la tour Perret a désormais sa place dans le cœur des Amiénois, cela a pris du temps. L’exposition remet bien cela en contexte. La ville sortait d’un paysage lunaire, d’un traumatisme. Cette reconstruction fut révolutionnaire. On a cherché à faire une belle ville ». Et pas qu’une ville. D’autres communes d’Amiens Métropole sont évoquées dans l’exposition : Longueau, bien sûr, mais aussi Saint-Sauflieu, Cagny ou encore Remiencourt.
Jean-Christophe Fouquet
Reconstruire après 1940 Jusqu’au 18 mai 2025 Ciap (office de tourisme, 23, place Notre-Dame) Gratuit – Programme : amiens.fr/CIAP |