Saint-Leu se nourrit de culture

JDA: Vous êtes arrivé en novembre. Ce Banquet, c’est inédit pour vous ?
Jérôme Sallé: Oui. Je suis passé par les centres dramatiques de Lille, Besançon et Nanterre. J’étais déjà venu pour des spectacles, mais j’ai vraiment découvert le territoire en accompagnant cette saison mise en place par Jean-Louis (Estany, ancien directeur, ndlr). J’ai hâte de vivre mon premier Banquet!

Comment le définiriez-vous ?
Comme un générateur de rencontres. Entre habitants, entre artistes, entre habitants et artistes… Que la Maison du théâtre puisse engendrer ces liens, c’est très beau. J’ai travaillé en direction des publics dans les théâtres dans lesquels j’ai œuvré, mais je n’ai encore rien vécu de similaire (la fête est notamment soutenue par Amiens Métropole et la politique de la Ville, ndlr).

Les habitants s’impliquent-ils ?
Pour préparer la parade, il y a eu des stages enfants et adultes. Clowns, percussions, scénographie… Et les riverains participent également à la “chasse à l’art”, des bouts de tableau à dénicher aux fenêtres du quartier pour reconstituer Diane et Endymion (JDA #1035 et photo ci-dessus, ndlr). Et bien sûr, on va les retrouver au banquet et dans les salles.

Le Banquet, c’est plus qu’un repas ?
Il sera ponctué d’interventions artistiques par la Brigade d’intervention paillettes, en mode cabaret, petites tables, à la Palace. Nous avons confié la direction artistique à Ludovic Darras, du Kollectif singulier. L’idée est de créer des allers-retours entre le quartier et la Maison du théâtre, qui propose trois spectacles. Chés Cabotans participent également.

Ces spectacles sont-ils ouverts à tous ?
Oui, nous parlons à tous les publics. C’est un événement important, pour inciter le public à prendre plus souvent encore au cours de la saison le chemin de la Maison. Tout le monde peut voir n’importe quel spectacle. Sans frein. C’est fondamental : l’art doit rassembler, non diviser.

Que pensez-vous du quartier?
Il brasse une population hétérogène et ne semble pas subir de gentrification, malgré son petit côté carte postale, ses canaux, ses maisons colorées. Ce n’est pas Bruges… Je suis ravi que Saint-Leu ne devienne pas comme le Vieux-Lille, un quartier lui aussi historique mais devenu inaccessible aux classes populaires.

Propos recueillis par Jean-Christophe Fouquet