Songes de paix en ce jardin
Des architectes et paysagistes franco-australiens planchent sur le Jardin des songes, attendu à la citadelle l’an prochain.
15.11.2023
JDA 1062
La date est symbolique. Le projet aussi. En avril 2024, pour l’Anzac Day qui commémore le sacrifice des Australiens et Néo-zélandais pendant la Grande Guerre, le Jardin des songes devrait être inauguré au sud de la citadelle. Cofinancé par la Ville, le Département, la Région et la Caisse des dépôts, il sera estampillé Jardin de la paix, un programme mené par Art & Jardins Hauts-de- France et ses partenaires. L’association essaime depuis 2018 ses jardins mémoriels (une quarantaine à terme) dans la région, mais aussi en Belgique et dans le Grand Est. Amiens se devait d’être sur la carte.
La passerelle, aussi
« À quelques centaines de mètres, nous inaugurerons également la passerelle offerte par des architectes australiens », indiquent Brigitte Fouré, maire d’Amiens, et Alain Gest, vice-président d’Amiens Métropole. Ce pont “ Bailey ” – militaire, rapide à monter – représentant « les liens entre nos pays » reliera le Jardin des plantes à la rue des Déportés. Le Jardin des songes, lui, entend refléter la « projection d’un ailleurs dans le chaos des combats, précisent les agences lauréates, Chartier Dalix (France) et JMD Design (Australie). Le paysage rêvé de ceux qui ne reverront pas leur terre ». Gilbert Fillinger, directeur d’Art & Jardins, voit en 14-18 « l’anéantissement de l’humain et de la nature ». D’où la pertinence du souvenir en ces temps de conflits et d’angoisse climatique : « Une leçon a-t-elle été tirée ? J’ai peur que non »
Mémoire et espoir
« Cet espace mérite la paix », renchérissent les architectes et paysagistes Pascale Dalix et Anton James. Leur jardin labyrinthique, où circuleront « les gens, les idées, les graines », se profile ainsi : de la terre en brique concassée évoquant le sol australien, une végétation mixte, des monticules de verdure et de bois brûlé représentant les trous d’obus et les tranchées. Et un (plusieurs ?) miroir d’eau. Pour, entre deux souvenirs, garder espoir en l’avenir.
Jean-Christophe Fouquet