Un Américain à Amiens
Thomas Boothby, professeur de génie architectural aux États-Unis, achève son séjour amiénois consacré aux constructions en béton armé, dont la tour Perret.
![Un Américain à Amiens © Laurent Rousselin / Amiens Métropole Un Américain à Amiens © Laurent Rousselin / Amiens Métropole](/var/ez_website/storage/images/media/images/jda/jda-2023/jda-1051/un-ame-ricain-a-amiens/1082529-1-fre-FR/Un-Ame-ricain-a-Amiens_format_610x450.jpg)
21.06.2023
JDA 1051
Il vit au cœur des montagnes de l’est américain. Thomas Boothby, professeur de génie architectural à la Pennsylvania State University, savoure son séjour amiénois de six mois entamé fin janvier. « C’est une ville très intéressante qui a beaucoup d’histoire, glisse-t-il dans un français charmant. Il y a de l’eau partout. Je fais des promenades le long du chemin de Halage. J’aime les maisons amiénoises. » Au-delà du dépaysement, c’est un autre symbole de notre patrimoine qui a motivé son voyage. Non pas la cathédrale, même si ce spécialiste du génie civil de la deuxième moitié du XXe siècle a aussi étudié l’architecture gothique, mais la tour Perret, premier building d’Europe érigé entre 1950 et 1960. Ce phare en béton l’a poussé à contacter l’université de Picardie Jules-Verne, et plus précisément le département génie civil et construction durable de l’IUT d’Amiens. « Nous avons pu l’accueillir grâce au programme régional Hauts-de-France de la Commission franco-américaine Fulbright France, pose Geoffrey Promis, responsable de ce département. C’est une chance pour nous et nos étudiants de pouvoir discuter de ses recherches, d’envisager des échanges entre nos universités. » « Mes sujets d’étude portent sur la structure de la maçonnerie, la préservation du patrimoine en béton armé, pratique qui s’est développée en France et qui est très utilisée aux États-Unis », précise Thomas Boothby.
Passion Reconstruction
En cette mi-juin, le chercheur américain n’avait pas encore réussi à pénétrer dans la tour – « ce sont des appartements privés » – mais s’était découvert une passion pour d’autres ouvrages de la Reconstruction, comme l’église Saint-Honoré : « Je ne me rendais pas compte de leur nombre ». « Son sujet d’étude peut s’étendre à tout le nord, explique Geoffrey Promis. Beaucoup de villes ont été reconstruites et il n’existe aucun programme de maintenance des bâtiments en béton, parfois abandonnés. »
Préserver le patrimoine bâti
Les deux hommes souhaitent aller au-delà du diagnostic visuel et poursuivre cette coopération dans les mois et années à venir. Un diagnostic technique – par des carottages notamment – permettrait de rédiger « un guide des bonnes pratiques » pour préserver ce patrimoine bâti, en France comme aux USA. « Le béton a une histoire compliquée, explique Geoffrey Promis. Ce matériau qualifié de non noble s’est mis en place rapidement après la Seconde Guerre. Aujourd’hui, dans notre laboratoire des technologies innovantes, à l’IUT, nous travaillons sur des matériaux biosourcés, des bétons respectueux de l’environnement, sans ciment. Car le béton, polluant à fabriquer, se recycle très mal. Mieux vaut le garder tel qu’il est plutôt que de le déconstruire. » Une alliance en béton !
Coline Bergeon