Une tranchée d’Australie à la citadelle
Le parcours des Jardins de la paix a désormais son étape à Amiens. Devant la citadelle, le Jardin des songes rend hommage aux soldats australiens de la Grande Guerre.
06.11.2024
JDA 1096
Le 28e Jardin de la paix est aussi le premier planté à Amiens. Lieu de mémoire de la Grande Guerre, il s’inscrit comme les 27 autres dans un « chemin qui commence en Belgique et suit la ligne de front jusqu’en Alsace », résume Gilbert Fillinger, le directeur d’Arts & Jardins Hauts-de-France et cerveau de ce déploiement entamé en 2018. Il a fleuri devant la citadelle, à deux pas du pont Bailey récemment installé par des vétérans australiens en hommage à leurs compatriotes (lire ici l’article du JDA # 1080).
Jardin franco-australien
Ce jardin salue la mémoire des « soldats venus de si loin pour défendre notre liberté », a remercié Brigitte Fouré lors de l’inauguration le 16 octobre, l’une de ses dernières prises de parole en tant que maire d’Amiens. Composé par les agences ChartierDalix (France) et JMD Design (Australie), le Jardin des songes (c’est son nom) devait être livré pour l’ANZAC Day, la commémoration du 25 avril 1918, le jour où les troupes australiennes et néo-zélandaises ont stoppé les Allemands à Villers-Bretonneux. La pluie en avait décidé autrement.
Rêverie mélancolique
« Ce qui me frappe, c’est de voir ces couleurs, cette terre rouge (lire ci-dessous), dans le nord de la France », a commenté Ben Datwyler, le directeur du Centre Sir John Monash de Villers-Bretonneux. Le Jardin des songes, financé par la Ville d’Amiens et ses partenaires publics (ou privés, tel le mécène Gueudet), stimule la mélancolie en évoquant le déracinement des soldats et leur rêve d’un ailleurs, d’un retour. C’est aussi une « façon de dire ces choses qui se perdent dans la traduction », a expliqué le paysagiste australien Harrison Lillis. Par-delà les langues, comme l’exprime Brigitte Fouré, ce petit bout d’Australie « invite à réfléchir, à se souvenir, à penser l’avenir ».
Jean-Christophe Fouquet