Valentine Roger, thaï patronne
Après son titre international décroché en Turquie, la boxeuse du Muaythaï Amiens dispute la finale du championnat de France professionnel au Cirque d’Hiver à Paris le 17 mars.
15.03.2023
JDA 1040
Elle a eu les honneurs d’un reportage dans Tout le sport sur France 3, le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. La veille, elle était invitée à une conférence sur des parcours féminins hors du commun, dont le sien. Militante pour davantage d’égalité, Valentine Roger profite de ces occasions pour plaider la cause des femmes, dénoncer les violences en général et les injustices en particulier. Celles qui la touchent : la difficulté à trouver des sponsors ou les primes des boxeuses bien inférieures à celles des boxeurs même quand elles sont têtes d’affiche. Sa qualification pour le cadre somptueux du Cirque d’Hiver, théâtre de la finale du championnat national professionnel le 17 mars qu’elle dispute face à la Réunionnaise Brunella Araux, lui offre encore une caisse de résonance. À la veille de ce nouveau rendez-vous, six mois après sa médaille d’or à l’Open Cup d’Antalya (Turquie), Valentine Roger confie : « J’essaie avant tout d’être une sportive à part entière. Évidemment, je suis militante. Mais je ne veux pas qu’on lise ma performance qu’à travers le prisme d’une femme qui fait du sport ».
Enseignante en prison
« Elle ne lâche rien, c’est une combattante », apprécie son entraîneur Didier Jumel. Il y a dix ans, il voit débarquer ce mètre soixante au Muaythaï Amiens, son club de la rue du Commandant-Defontaine : « Tu sens tout de suite si ça va matcher entre un entraîneur et un boxeur. Et là, je l’ai senti tout de suite ». La journée, Valentine, professeure des écoles, enseigne. Pas auprès d’enfants. Mais en prison. À 20h, elle enchaîne avec le ring. Ses qualités ? « Elle est rapide, esquive et a un bon coup d’œil pour voir s’il y a un trou », décrypte Didier Jumel. Son club compte 160 licenciés dont 30 femmes mais une seule qui fait de la compétition : Valentine, 31 ans aujourd’hui et « une décennie de boxe devant elle », selon son coach. À France 3, elle confiait que sa soif de vivre venait sans doute de la maladie de Charcot, maladie neurodégénérative qui touche plusieurs membres de sa famille et plane comme une épée de Damoclès. Difficile de ne pas faire de Valentine Roger un symbole.
Antoine Caux