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La crise sanitaire prive brocanteurs et antiquaires d’une partie de leurs marchés. Mais ils résistent : certains ouvrent leur boutique, d’autres s’appuient sur Internet.

Vifs greniers 1 © Laurent Rousselin / Amiens Métropole
Frédéric Leconte a ouvert sa boutique d’antiquités rue de Beauvais en septembre.
© Laurent Rousselin / Amiens Métropole

17.02.2021

JDA 973

Il s’est installé à Amiens « par amour » mais pas sans avoir étudié le marché. En septembre, Frédéric Leconte a ouvert sa boutique rue de Beauvais malgré les incertitudes liées à la crise sanitaire. « Je faisais les salons autour de Bordeaux, pose l’antiquaire. En participant au Salon d’Amiens il y a trois ans, j’ai constaté qu’il y avait une place à prendre ici. » Cet amateur du classique moderne, qui vend tableaux, argenterie, bijoux, sacs haute couture, mobilier de luxe, ne regrette pas cette sédentarité, au contraire : « Je travaille même mieux qu’avant. La situation est plus difficile pour mes collègues qui ne font que des salons ». La pandémie a en effet signé l’arrêt de ces manifestations vitales pour la profession. Le traditionnel Salon antiquaires et Belle brocante qui s’installe en février à Mégacité a été renvoyé aux calendes grecques.

DES CHINEURS EN MANQUE

« La plus grosse foire de France, à Chatou dans les Yvelines, a été annulée aussi... », pointe Gilles Acloque, qui s’est établi à Longueau à La Halle des antiquaires en octobre (lire ici l’article du JDA #964). Dans cet antre de 350 m2, des objets et meubles du XVIIIe au XXe siècle attirent les chineurs « en manque de vide-greniers et brocantes ». Et toute une clientèle que ses deux associés ont amenée en quittant la Galerie des antiquaires de Saint-Leu vouée à la démolition. Le contact avec les clients et entre collègues – également mis à mal avec l’annulation des déballages dédiés aux professionnels – fait le sel de ces commerces. Essentiel pour Bruno Devisme, l’un des deux derniers Mohicans de la Galerie de Saint-Leu. « Je fais ce métier depuis trente-deux ans ! » clame cet ébéniste de formation qui rejoindra bientôt son autre magasin à Flesselles. Chiner, restaurer, négocier, vendre en direct... Un amour du métier qu’il ne veut pas trahir. « Internet et moi, ça fait deux. J’ai besoin de voir le client. » Même écho au Diable bouilli, coquette institution trentenaire de la rue du Hoquet, spécialisée dans les arts de la table. Et actuellement privée de touristes. « Pour moi, Internet tue les commerces qui font l’attrait d’un centre-ville », déclare sa gérante Elisabeth Armand.

 

UNE VISIBILITÉ GRÂCE AUX RÉSEAUX

Il y en a pourtant qui ont pris la tangente. Un peu contrainte, comme Laudine Verbraeken qui a ouvert Le Grenier Café-brocante rue des Cordeliers, juste après le premier confinement (lire ici l’article du JDA #946). Depuis la fermeture des bars et restaurants, elle s’est concentrée sur la partie brocante. « Je chine et retape davantage. J’ai développé mon site et ma présence sur les réseaux sociaux pour limiter la casse », assure la jeune femme. Fabien Caumont a lui réussi à se faire une place au soleil via Instagram, qui offre à ce passionné une visibilité internationale et lui assure des ventes rapides. Le fondateur de Fifty-Fifty, niché depuis 2015 rue Gautier-de-Rumilly, s’est spécialisé dans le vintage et expédie une partie de ses articles achetés en France et en Europe – « J’ai roulé 16 000 kilomètres ces quatre derniers mois » – dans le monde grâce à la démocratisation des frais de transporteurs. « Là, j’envoie un paravent à Sydney. J’ai de bons clients à New York et Los Angeles aussi. » S’il a hésité à garder sa boutique, ce quarantenaire « de la vieille école et qui n’achète pas en ligne » sait bien que certains clients préfèrent voir avant de se décider. Mais si Internet a fait du tort à la profession avec l’essor des plateformes de vente entre particuliers à partir des années 2000, il est « difficile de s’en passer aujourd’hui ».

 

« ORGANISER
 UN MARCHÉ MENSUEL »

Un constat partagé par l’un des derniers arrivés sur le marché, Anthony Kojalavicius (lire ci-contre), qui vend beaucoup en ligne mais se languit des brocantes. « Je rêve d’organiser un marché mensuel, comme celui des bouquinistes à la gare*. Ça nous ferait du bien à tous ! » Une solidarité qui n’échappe pas à Gilles Acloque, bien décidé, lui, à répertorier tous ses collègues de l’agglomération pour éditer un guide. De quoi repartir en chine bien renseignés !

//Coline Bergeon

 

(*) La Ville d’Amiens étudie actuellement sa relocalisation au cloître Dewailly.

 

80 000

C’est le nombre de visiteurs qu’attire la Grande Réderie d’Amiens deux fois par an.

 

// PETIT SOLDAT DU NET

L’Amiénois Anthony Kojalavicius a créé son site pendant le premier confinement. Ce marchand itinérant, tombé dans les vide-greniers enfant grâce à un carton de petits soldats offert par son père, a fondé La Brocante de Koja il y a deux ans et demi. « Je suis aussi référencé sur des sites professionnels. Internet m’a permis de sauver les meubles et de me faire connaître », pose le trentenaire qui garde parallèlement un pied dans l’enseignement. Formé par Yvonne, « une antiquaire des puces de Saint-Ouen », Anthony espère le retour des brocantes et, avec elles, la reprise de Chasseurs d’objets, émission diffusée à la télévision sur Planète +, dans laquelle on peut le suivre en pleine action.

labrocantedekoja.com

Vifs greniers 2 © Anthony Kojalavicius

© Anthony Kojalavicius

 

// ADIEU LA GALERIE, BONJOUR LA HALLE

Elle a compté jusqu’à 18 professionnels. La Galerie des antiquaires de Saint-Leu, ouverte en 1988, sera détruite dans les prochains mois pour faire place à un programme immobilier. Des maisons individuelles donnant sur le boulevard du Cange et la rue de la Dodane ainsi qu’un petit collectif au cœur de l’îlot verront le jour. « La parcelle doit être cédée d’ici le printemps par la Ville au groupement retenu pour ce projet fidèle à l’esprit du quartier », pose Annie Verrier, adjointe au maire déléguée à l’urbanisme. Les derniers antiquaires de la Galerie n’ont pas donné suite à la proposition de la Ville pour leur relocalisation dans des cellules commerciales rue des Majots.

Vifs greniers 4 © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

Gilles Acloque et deux anciens professionnels de la Galerie de Saint-Leu (dont Morris Richard, à droite) ont ouvert La Halle des antiquaires à Longueau en octobre dernier.

© Laurent Rousselin / Amiens Métropole 

 

// LES DÉPÔTS DÉPOTENT

Le marché de l’occasion a le vent en poupe. Emmaüs ou La Recyclerie des Astelles, alimentés par les dons de particuliers, permettent de dénicher des biens à petits prix et de faire tourner l’économie sociale et solidaire. En mai 2019, La Brocante permanente a rejoint la Blanche-Tâche à Camon. Dans ce hangar de 1 500 m2,
 238 emplacements loués à la semaine par des particuliers ou des professionnels ont trouvé leur public. « Nous avons une liste d’attente », sourit sa gérante Mathilde Gouesbier.
 Ce dépôt-vente ouvert du lundi au samedi propose meubles, tableaux, vêtements, disques, bibelots, déco... La Brocante fournit les étiquettes et prend 25 % de commission.

labrocantepermanente.fr

Vifs greniers 3 © Laurent Rousselin / Amiens Métropole

© Laurent Rousselin / Amiens Métropole

 

// NOUVEAU LOCAL POUR L’ACQH

L’Association des commerçants du quartier des Halles quitte la rue du Chapeau-de-Violettes pour le 13, rue au Lin tout proche. « Nous ne tiendrons pas de permanence tant que la crise durera », précise son président Daniel Héripré. L’association qui partage avec la Fédération
 des commerçants du centre-ville l’organisation de la Grande Réderie d’Amiens – rendez-vous bisannuel aux 2 000 exposants – compte une trentaine de bénévoles. « J’ai peu d’espoir pour 
celle d’avril. On attend mars pour étudier cela avec
 la mairie et la préfecture. »