Ÿnsect : aujourd’hui l’engrais, l’alimentation animale cet été
Sa ferme-usine Ÿnfarm, à Poulainville, enrichit actuellement son cheptel de scarabées. La production d’alimentation pour animaux doit débuter cet été.
14.02.2024
JDA 1073
Cette ferme verticale, est-ce une usine ? Un site agricole ? « Nous sommes avant tout des éleveurs », tranche Christian Gourlay, directeur du site de 45 000 m2 construit depuis 2020 à Poulainville. Fin 2023, Ÿnfarm a commencé à livrer à ses clients de l’engrais organique à base des excréments des scarabées qu’elle élève. Mais la ferme ne tourne pas encore à plein régime. « Les scarabées sont arrivés il y a un an. Depuis, nous sommes en phase de peuplement », explique Anaïs Maury, directrice de la communication et des affaires publiques d’Ÿnsect, startup française créée en 2011.
Décarboner la “petfood”
Et l’engrais ne constitue que le premier étage de la fusée. Une fois le peuplement achevé, 90 % des larves – vers de farine – seront prélevées pour être transformées en protéines sèches ou en huile destinées à l’alimentation des animaux domestiques (de compagnie et d’élevage). Cette production doit être lancée cet été. « La “petfood” (pour animaux de compagnie, ndlr) a actuellement un gros impact environnemental, souligne Antoine Hubert, l’un des fondateurs d’Ÿnsect. Il fallait décarboner cette filière. » Ÿnfarm, qui entend révolutionner l’agroalimentaire en utilisant bien moins de surface au sol, de terre et d’eau que l’élevage traditionnel, revendique ainsi le statut de première ferme carbone négative.
La production déjà vendue
160 000 tonnes d’ingrédients seront expédiées par an depuis Poulainville. Soit 160 fois plus que depuis Dole (Jura), où travaillent 50 personnes. Un marché d’avenir : « Toute la production des trois prochaines années est déjà vendue », informe Anaïs Maury. Et l’alimentation pour les hommes ? Elle n’interviendrait que plus tard, surtout dans les « domaines de la performance et du médical », cadre Antoine Hubert. Ÿnsect, qui a posé un pied aux États-Unis, compte environ 130 salariés à Ÿnfarm (et 120 à Paris et Évry). À terme, 500 emplois directs et indirects sont visés à Poulainville.
Jean-Christophe Fouquet