Logement social, destructions et reconstructions, le compte est-il bon ?
14.12.2023
La majorité municipale a annoncé que la destruction de logements sociaux dans les programmes de l’ANRU à Amiens-nord et à Etouvie, serait compensée par de nouvelles constructions, notamment dans les ZAC Intercampus, Renancourt et sur l'ensemble de la ville.
Au Pigeonnier, on démolit plus de 470 logements sur l’ensemble Couperin-Messager-Mozart pour en reconstruire à peine plus d’une centaine, et quasi exclusivement en accession à la propriété. A Etouvie, les 362 logements des Coursives sont voués à destruction, sans aucune consultation des habitants. Ici comme à Amiens-nord, ce sont les logements aux loyers les moins chers du parc locatif social amiénois qui seront détruits. Quand bien même ils seraient obsolètes, de nombreuses questions se posent. Va-t-on y reconstruire que des maisons en accessions sociale à la propriété ? Ces familles auront-elles les moyens de rester dans leur quartier quand elles le souhaitent ? Où reconstruire une offre sociale et assurer une mixité partout dans Amiens ? Les 32 % de logements sociaux annoncés seront-il bien réalisés ? C’est là tout l’enjeu pour une ville apaisée. A Intercampus, le pourcentage de 30 % n’est pas atteint sur les premières tranches. Pour atteindre cet objectif, il faudrait introduire beaucoup des programmes sociaux dans la dernière tranche, qui se retrouveraient, alors, concentrés dans le même secteur. Ce n’est pas souhaitable. Or les quartiers Sud sont sous-dotés en logements sociaux. Il ne faudrait pas que, pour atteindre cet objectif, la ZAC Renancourt se retrouve quant à elle surdotée, dans un secteur de la ville qui en manque moins. Quand on voit surgir de terre à Renancourt un morceau de ville uniquement résidentiel, déconnecté, sans équipements de proximité ni d’espace public structurant, on s’interroge. N’est-on pas ici et ailleurs en train de recréer insidieusement « une ville à deux visages » ?
Julien Pradat
Conseiller municipal et communautaire
D’Amiens métropole