42e Fifam : et les vainqueurs sont…
Un documentaire d’une cinéaste russe en exil et un drame policier sud-coréen trônent au palmarès du 42e Festival international du film d’Amiens, dont les séances ont fait le plein.
22.11.2022
Des projections pleines jusqu’à faire pousser des queues au loin sur les trottoirs, à l’image de l’avant-première de La Guerre des Lulus au Ciné St-Leu ; des sourires sur les estrades et dans les salles ; un final comme certains l’aiment – chaud –, sur la piste du Cirque : le 42e Festival international du film d’Amiens, du 11 au 19 novembre, a renoué avec le sens de la fête pré-Covid.
Malgré un nombre de films et de séances revu à la baisse, au diapason des réalités budgétaires de 2022, la manifestation quadragénaire a su maintenir l’effervescence cinéphilique. Et, au passage, attirer davantage les jeunes – étudiants ou non. Ainsi s’assure la relève à une époque où l’expérience du cinéma en salle fait l’objet d’inquiétudes.
Parmi les grands moments : la venue d’Alice Diop pour son Saint Omer – au cinéma cette semaine – dans une « salle pleine à craquer, comme le rapporte Jean-Pierre Bergeon, le critique amiénois membre des Journées cinématographiques d’Amiens,l’association organisatrice du Fifam. Elle est extraordinaire, une des personnes les plus brillantes que j’ai pu écouter ».
Quant à la compétition, reflet d’un certain état du monde – d’autant que fictions et documentaires étaient mêlés –, elle ne prêtait guère, majoritairement, à rire. Le festival a ainsi « jonglé, comme à Cannes, entre une compétition souvent dure et des projections joyeuses, telle la programmation robes à paillettes qui a attiré énormément de monde », poursuit Jean-Pierre Bergeon.
La question du suicide des jeunes y a trouvé bonne place, notamment via les deux principaux vainqueurs : le Grand Prix How to Save a Dead Friend, documentaire paneuropéen d’une jeune Russe en exil qui a filmé son couple pendant des années, et le Prix du public About Kim Sohee, deuxième film de la Sud-Coréenne July Jung qui avait clôturé la Semaine de la critique cannoise.
Du premier, « on sort secoué », résume le critique, également bénévole au Fifam. Quant au second, oscillant entre drame et polar, il s’agit d’une « surprenante réflexion, très sensible et intelligente, qui montre combien la société peut exploiter et détruire des jeunes. Je suis tout à fait de l’avis du public ! ».
Globalement, le 42e Fifam a fait preuve d’une « liberté de ton sidérante », à l’image de Children of the Mist, documentaire vietnamien de Hà Le Diem « drôle et bouleversant », Prix du jury étudiants de l’UPJV et Prix documentaire sur grand écran. Ce cru 2022 s’est révélé « divers, passionnant, festif, résume Jean Pierre-Bergeon. Quelque chose s’est passé ».
Jean-Christophe Fouquet
About Kim Sohee
Children of the Mist