L’art théâtral d’Ulla von Brandenburg
Du Frac à la Maison de la culture en passant par Le Safran, l’artiste allemande Ulla von Brandenburg tisse à Amiens un parcours qui dévoile son travail protéiforme.
13.09.2022
Au Frac Picardie, Transmeare rassemble les travaux de douze artistes pour un dialogue entre performance et dessin, entre idées de trame, de tissu et de textile. À l’invitation d’Ulla von Brandenburg, artiste allemande installée depuis une quinzaine d’années près de Château-Thierry (Aisne), cette expo collective a inauguré en juin la saison La mer suffit aux pantins que le Frac Picardie lui consacre jusqu’en 2023. « On casse les codes pour un compagnonnage autour d’invitations multiples et créer des liens plus étroits afin de découvrir l’univers des artistes, déclare Pascal Neveux, le directeur du Frac Picardie, qui ne cache pas la chance d’accueillir Ulla von Brandenburg : « On ne joue pas vraiment dans la même cour ! ». Mondialement reconnue, l’artiste s’est ainsi vue consacrée par une exposition au Palais de Tokyo en 2020. Le format proposé à Amiens « est plus modeste avec l’idée de rencontres, de discussions et d’échanges avec le public et d’autres artistes », présente Pascal Neveux.
Un film mêlant Jules Verne et Chés Cabotans
L’an prochain, Ulla von Brandenburg travaillera à la production d’un film sur lequel le Frac souhaite se positionner d’autant qu’il s’inspire de Jules Verne et de la marionnette. « C’est quelque chose qui la passionne, dévoile le directeur. Elle en a déjà ébauché la trame : s’y mêlent l’univers de l’écrivain et des paysages sous-marins dans lesquels seraient immergées les marionnettes des Cabotans et de la Maison du théâtre. » L’étonnante production de films de l’artiste est d’ailleurs à découvrir à la Maison de la culture à travers l’installation colorée proposée à l’accueil : Peep Show invite à jouer les curieux via des oculus laissant apparaître des inédits en 16 mm noir et blanc.
Métamorphose des espaces
C’est aussi depuis l’extérieur que l’exposition à la savante mise en scène appréhende la richesse des registres sur lesquels elle travaille. Vidéo, spectacle vivant, installations, sculpture et dessin traduisent sa « capacité à métamorphoser les espaces et à les mettre en scène de manière surprenante. Elle maîtrise parfaitement les codes du spectacle. Elle puise aussi beaucoup dans les questions du rituel, les mouvements communautaires…». Masqué et surtout secret, proposé au Safran, invite ainsi à une incroyable immersion colorée et textile, théâtre d’aquarelle de l’artiste. De multiples visites guidées, conférences et rencontres sont organisées. Que le spectacle commence.
Ingrid Lemaire
La mer suffit aux pantins, jusqu’en 2023. Masqué et surtout secret, au Safran jusqu’au 20 octobre. Peep Show, à la Maison de la culture jusqu’au 5 novembre. |
Le 9 septembre, lors de l’inauguration du parcours qui lui est consacré, Ulla von Brandenburg est revenue sur son travail de création : |
« Le tissu, la couleur, le théâtre, le mouvement… Ces thèmes se croisent. Au Safran, le théâtre est au premier plan. C’est une invitation à être acteur. Que se passe-t-il quand on traverse un rideau ? Est-on “regardeur“ ou sommes-nous ceux qui sont regardés ? Choisir cette place comme on le fait dans la vie de tous les jours est une question qui m’intéresse. Au Frac Picardie, j’ai invité des artistes que j’apprécie beaucoup et monté Transmeare avec Ida Soulard, spécialisée en tissu. C’est elle qui a choisi d’exposer des femmes qui travaillent avec le tissu pour créer un univers autour de cette question. À la MCA, c’est plutôt le côté film et installation qui sont aussi proposés autour du théâtre et de la danse. »