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Les voyages extraordinaires de Vernay

L’Amiénois Vadim Vernay a délaissé ses ordis pour écrire ses chansons et composer sa musique. Hang Tight, qui sort le 14 octobre, révèle un artiste sensible, façonné par cette délicieuse fragilité des âmes poétiques. Rencontre avec ce perfectionniste attachant.

Vadim Vernay  © Ludo Leleu
© Ludo Leleu

11.10.2022

Après l’album It Will Be Dark, en 2015, et une collaboration musicale avec la Compagnie du Berger, en 2018, pour la pièce L’Établi, comment avez-vous trouvé le temps pour Hang Tight ?

J’ai écrit des chansons et on a produit cet album en parallèle de ma collaboration avec la Compagnie du Berger afin de pouvoir le sortir dans la foulée. Cet album musicalement éclectique comporte des morceaux qui révèlent mon propre regard, dont deux sont très intimes. Mais je pense que de parler de soi n’est pas ce que le public attend. Ce qui est intéressant, c’est quand l’émotion est communiquée, partagée. Et qu’elle est capable de toucher d’autres cordes que les miennes.

Et puis vous êtes passé à la voix…

Hang Tight est un album de textes. J’en ai écrit une vingtaine avec guitare et piano. Je me suis détaché de l’ordi pour conserver ma ligne inspiratrice. J’ai appris la gratte, écris des phrases musicales simples. C’est ce qui a initié les choses. L’enjeu était de passer à la voix et d’arrêter de me cacher. D’assumer que j’ai des choses à dire. C’est thérapeutique : j’ai toujours écrit, eu des carnets sous la main, composé de la musique. La voix, c’est encore autre chose. L’anglais me permet de conserver cette pudeur, cette légère distance où tu es obligé de te réapproprier les paroles.

 

Pourquoi chanter en anglais change-t-il la donne ?

Niveau écriture, tu ne construis pas du tout tes phrases de la même manière, tu n’as pas les mêmes enjeux poétiques. Je suis plus libre avec l’anglais que le français. Niveau chant, ça permet davantage de distance avec ce que je ne me sens pas encore capable d’exprimer dans ma langue maternelle.

Vadim Vernay © Ludo Leleu

 

Passer ensuite au studio est-il si évident ?

L’enjeu était de rapidement passer en studio avec des musiciens, jouer et voir comment ça se passe. Ce qui fut aussi compliqué a été de conserver l’âme des maquettes, des démos que tu fais chez toi… J’ai sollicité Louis Morati et Romain Caron (musiciens amiénois, ndlr) pour arranger tout ça. Ils ont été tétanisés par la liberté que je leur laissais. C’était pas assez directif… J’ai pris conscience que c’était moi qui devais diriger et encadrer. Bosser avec Hugo Cechosz (musicien et réalisateur, collaborateur d’Arthur H, Tété, Eiffel, La Grande Sophie… ndlr) pour la réalisation a été décisif. Cela m’a donné une vision d’ensemble et fait comprendre que j’étais le chef d’orchestre.

 

Déléguer était-il un choix ?

Je n’avais pas assez confiance en moi parce que je suis reparti de zéro. Je me suis quasi retrouvé avec des chansons folk et un univers inconnu. Je ne me sentais pas légitime. Sur le précédent album (It Will Be Dark, ndlr), tout était écrit au millimètre près. Les musiciens en studio n’avaient aucune marge de manœuvre. C’était musicalement frustrant. Je voulais éviter ça.

Trois clips sont par ailleurs sortis. Quelles ont été les autres collaborations ?

Bad Land Haley est une vidéo que j’ai réalisée avec Audrey Bastard, la graphiste de mon label La Mais°n. Mickael Titrent avait déjà réalisé le clip de How et signe le prochain pour lequel on a eu une aide de Pictanovo, le pôle image de la Région. Your Smile sort le 14 octobre en même temps que Hang Tight. C’était un beau challenge. On a aussi travaillé deux lives dont celui présenté à la Maison de la culture le 12 octobre. Cet album est finalement extrêmement chronophage. On est vite une cinquantaine à avoir travaillé dessus. C’est une énergie de dingue. Des choses très personnelles prennent tout à coup vie. Les musiciens vont aussi mettre leurs obsessions, leurs rêves et imaginaires. C’est un énorme privilège. C’est miraculeux de voir le truc prendre vie sur scène. C’est un sacré aboutissement.

Propos recueillis par Ingrid Lemaire