Prix Goncourt des lycéens : « Une expérience unique »
Une classe de 1re de La Providence participe au 35e Prix Goncourt des lycéens. Rencontre à Lille avec ces élèves invités le 21 octobre à échanger avec les auteurs en lice.
08.11.2022
« C’est un prix qui n’est pas le petit frère des grands prix, c’est un grand prix. » Le sérieux des élèves de 1re 2 de La Providence, sélectionnés pour élire le Prix Goncourt des lycéens 2022, vérifie le propos de Philippe Grimbert, lauréat 2004 pour Un secret. Enrôlés dans cette aventure par leur enseignante de français Sandrine Letierce, les 32 élèves amiénois se sont plongés dans la lecture des quinze romans de la rentrée littéraire retenus par l’Académie Goncourt. Le 12 septembre, une cérémonie de remise des livres était organisée dans leur lycée du boulevard de Saint-Quentin.
2 000 élèves, 55 établissements
« Nous avons été choisis pour être établissement lancement du Prix au niveau régional, sourit l’enseignante. Un beau moment médiatique. » Organisée par la Fnac et le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, cette opération éveille depuis 1988 l’intérêt des ados pour la littérature contemporaine. Pour cette 35e édition, ce sont près de 2 000 élèves de seconde à la terminale, de 55 établissements, qui apprennent à développer leur sens critique et à partager leurs points de vue sur « des œuvres variées, au sujet parfois très dur, pose Sandrine Letierce. Mes élèves ont des profils différents et pas la même appétence pour la lecture. Mais ils sont tous très motivés ».
Quinze romans en deux mois
Et le challenge est de taille. Lire quinze romans en à peine deux mois, en plus des cours… « Le but n’est pas de les asphyxier ni d’empiéter sur le programme du bac français. Une salle dédiée au Prix a été aménagée au lycée, avec la complicité de ma collègue documentaliste Christine Collot. Ils s’y rendent pour lire ou prennent les romans chez eux. On discute des lectures en classe. »
« Ça m’a beaucoup touchée »
En octobre, des rencontres régionales entre les auteurs en lice et les jurés lycéens ont eu lieu dans sept villes de France. Le 21, la veille des vacances de la Toussaint, la classe amiénoise et trois autres de Beauvais, Lens et Hazebrouck avaient rendez-vous dans le bel écrin du Théâtre du Nord à Lille pour des temps d’échanges et de dédicaces avec onze des quinze auteurs en lice. Tous avaient soigneusement préparé leurs questions et désigné les porte-parole. Un exercice auquel ils se sont prêtés avec décontraction. « On était plus impatients qu’impressionnés, affirme Erin. On vit ça comme une chance. C’est très intéressant d’avoir un contact direct avec les auteurs, d’avoir leur perception, de comprendre comment sont nées leurs œuvres. Ça m’a beaucoup touchée. » « C’est une expérience unique, abonde son camarade Éric. Ces échanges peuvent éclairer nos lectures et parfois faire changer les choses… Rien n’est joué. On a tous des interprétations et des goûts différents. »
Des lectures émouvantes
“Quel message avez-vous voulu transmettre ?”, “Comment vous est venue l’idée de ce personnage ?”, “Y a-t-il une part autobiographique ?”, “Regrettez-vous d’avoir exploré votre passé ?”, “Comment ont réagi vos parents à la lecture de votre roman ?”… Brigitte Giraud, Sarah Jollien-Fardel, Makenzy Orcel, Muriel Barbery, Sabyl Ghoussoub, Pascale Robert-Diard, Monica Sabolo, Nathan Devers, Cloé Korman, Emmanuel Ruben et Carole Fives ont en effet répondu avec plaisir aux questions, souvent pertinentes, parfois amusantes, de leurs jeunes lecteurs. Et les ont écoutés s’approprier leur prose avec attention. « C’est très émouvant qu’un texte sur l’adolescence (La Petite Menteuse, ndlr) soit lu justement par une ado et si bien lu », a applaudi Pascale Robert-Diard.
Verdict le 24 novembre
Le 24 novembre, à 13h, à Rennes, le lauréat du Prix Goncourt des lycéens sera annoncé par les lycéens délégués nationaux. Avant cela, des délibérations pour désigner les trois finalistes régionaux auront lieu le 21 novembre dans six villes de France. Dans la classe de 1re 2 de la Providence, c’est à Victoria qu’incombera la tâche délicate de défendre les œuvres retenues par ses camarades, à Metz, en compagnie de son enseignante. Là encore, ni peur ni pression. « J’adore la littérature, je suis ravie de faire ça ! »
Coline Bergeon
