Quand les ados planchent avec le Festival du film d’Amiens
L’Étoile du Sud accueillait mi-octobre l’édition 2022 de Color’Ado, semaine de création cinématographique pour collégiens et lycéens. Les films réalisés clôtureront le Festival.
08.11.2022
30 élèves de 3e des collèges Guy-Mareschal et Sagebien, ainsi que de 2nde du lycée Edouard-Branly, participaient du 17 au 21 octobre à l’édition 2022 de Color’Ado. Une semaine d’initiation au cinéma d’animation organisée depuis 1987 – elle s’appelait alors Animathon – en amont du Festival international du film d’Amiens (Fifam).
Dans une salle, les jeunes dessinaient, coloriaient, modelaient, éclairaient, animaient – et prenaient des photos, à raison de douze par seconde. Dans une autre, insonorisée, ils écoutaient et produisaient des sons. Et dans une troisième, ils pianotaient sur des ordinateurs.
Trois petits films ont été produits cette année en 2D (dessins animés), en volumes (marionnettes) et sur ordinateur. Ce travail de coopération – les élèves passant d’un poste à un autre – fut mené à l’Étoile du Sud, le centre culturel de la rue Simone-Signoret, quartier Val-d’Avre, avec l’aide d’Amiens Métropole, de la Drac et du Crédit Agricole. |
Partenariat Waide Somme
Nouveauté 2022 : un partenariat avec l’école d’animation Waide Somme. En a résulté « un film en quatre parties, comme un cadavre exquis, exposait Elena Smart, l’une des étudiants venus encadrer l’atelier. Les élèves s’initient aux logiciels Photoshop ou After Effects, s’adaptent très vite et donnent beaucoup d’idées ». Ce film sur ordinateur scintillant de robes à paillettes, un thème du 42e Fifam, semblait taillé sur mesure pour les lycéens de Branly de la section métiers de la mode et vêtements.
Jeunes investis
Comment maintenir accrochés les adolescents au long et parfois fastidieux processus de création cinématographique ? « Il faut que ce soient leurs films. On ne les fait pas à leur place, ils doivent s’épanouir », expliquait Bertrand Blandin, artiste encadrant le dispositif depuis les années 90 et qui a connu la pellicule avant l’arrivée de la vidéo. Cette dernière a largement facilité le processus : aujourd’hui, plus besoin d’attendre le retour de laboratoire, l’action prend vie quasi immédiatement sous les yeux des apprentis cinéastes.
Secrets sonores
Au cœur du studio insonorisé de l’Étoile du Sud, Romain Mater dévoilait quant à lui des « petits secrets du son », comme reproduire un feu de camp en froissant une bande de cassette audio, en agitant une serviette et en claquant du papier bulles. Le film en volumes a d’ailleurs été conçu “à l’envers”, c’est-à-dire en partant d’une bande-son préexistante que les ados ont mise en images selon ce qu’elle leur inspirait. « J’ai utilisé quelques sons reconnaissables afin de les orienter ainsi qu’un rythme donnant un aspect musical », développait cet intervenant pour l’association amiénoise La Fabrique d’images.
Fifam connexions
Le dessin animé faisait lui aussi écho au Festival du film, s’inspirant de The Devil (2012), de Jean-Gabriel Périot (invité cette année) sur les Black Panthers. Pour Marie-France Aubert, la nouvelle directrice du Fifam, « c’était une bonne façon de parler des droits civiques », un thème toujours d’actualité. La néo-Amiénoise découvrait cette année, en y apportant sa touche, la machine rodée qu’est Color’Ado : « Qu’ils arrivent à faire tout cela en trente heures, c’est impressionnant ! ».
Ouverture culturelle
Le projet s’avère prisé par les jeunes, en témoignait Fred Schildknecht, cheville ouvrière de Color’Ado et membre des Journées cinématographiques d’Amiens, l’association organisatrice du Fifam : « Cela se passe dans le cadre de l’école, ils doivent ensuite rattraper leurs cours, mais c’est important de les faire sortir de l’établissement, de les ouvrir au monde. Ils adorent ça ». « Nous sommes un lieu de création, un lieu culturel, mais aussi un lieu de proximité, poursuivait Ridha Farhat, le directeur de l’Étoile du Sud. Quasiment toute notre équipe se mobilise pendant une semaine pour la magie du cinéma ».
Les élèves verront, comme chaque année, leurs travaux projetés lors de la cérémonie de clôture du Fifam (le 18 novembre, 20h30). Une consécration. |
Jean-Christophe Fouquet