À Rêve Lucide, la biomécanique de Golf
La galerie d’art urbain de la rue des Majots accueille jusqu’au 31 janvier des créations originales de Golf, qui appose sa patte biomécanique dans les rues d’Amiens.
10.01.2023
Ses œuvres, on en trouve dans des friches, sous des ponts comme au parc Saint-Pierre ou sur des rideaux de fer, tel celui de la galerie des antiquaires. « Il y en a certaines qu’on ne peut voir qu’en train », sourit Aubin Golfoner, alias Golf, 32 ans. Immédiatement identifiables par leurs couleurs et leurs motifs (des plaques métalliques et des rivets formant des squelettes), les créations de cet artiste de rue originaire de l’Oise et désormais installé à quelques kilomètres d’Amiens fleurissent dans la ville de Jules Verne.
La quête d’un style
Son univers tendance steampunk / rétrofuturisme sous influence Métal hurlant ne dépareille pas dans la cité du père du Nautilus. « Se trouver un style reconnaissable, c’est la quête de n’importe quel graffeur », assure l’intéressé. Le sien vient aussi de son parcours : « Des études dans la forge, la mécanique, puis du dessin industriel ». Et l’apprentissage dans la rue. « J’ai fait mon premier graff à quatorze ans. J’étais au collège, j’ai pris des bombes, et c’était parti ! ». Comme beaucoup d’artistes dans ce milieu, Aubin Golfoner œuvre depuis en équipe, en “crew” (ou “crou”). En l’occurrence, le collectif Cache-Misère.
Un mois à Rêve lucide
Alors, combien d’œuvres de Golf à Amiens ? « Oh, une douzaine, je crois », répond-il. Son personnage le plus récurrent : un oiseau au repos. Si ce style n’est pas la seule corde à l’arc de l’artiste, qui sait s’adapter aux lieux et aux commandes, on le retrouve au cœur de l’exposition qui lui est consacrée jusqu’à la fin du mois à la galerie Rêve lucide. Outre l’oiseau, cette exposition est peuplée de créatures aquatiques en écho à l’un de ses derniers grands travaux en date, les pans d’une pièce de la (future ex-) piscine de Doullens. C’était pour une exposition collective pilotée en 2022 par l’association Curb.
Aubin Golfoner, alias Golf, lors du vernissage de l’exposition le 5 janvier
La rue entre quatre murs
La galerie ne présente que des créations originales. Pas de photos des réalisations de rue, mais plutôt des déclinaisons sur papier ou toile, des essais, des ébauches – bref, de la recherche, pour aborder l’art urbain différemment, l’adapter à l’espace contraint d’une galerie. Pour les artistes, c’est une autre approche : « Un sacré exercice ! Je suis resté enfermé pendant des semaines », sourit Golf, dont la découverte du milieu amiénois s’est notamment faite par le biais de Juan Spray, l’un des deux fondateurs – avec KWES – de la galerie qui prévoit une exposition par mois. « On veut donner aux artistes qu’on aime la possibilité d’exposer, de montrer leur façon de travailler, leur quotidien », explique ce dernier, satisfait de son emplacement au cœur de Saint-Leu, « un quartier populaire. Or, c’est ça, le street art ». Une pertinence que confirme le festival IC.ON.IC qui, depuis deux éditions, déroule le tapis rouge à l’art urbain à Saint-Leu.
Jean-Christophe Fouquet
Indameca, Golf – Cache Misère
Jusqu’au 31 janvier à la galerie Rêve lucide (18, rue des Majots)
Ateliers et locations d’œuvres Rêve lucide, association et désormais galerie, propose la location d’œuvres, à l’image d’une artothèque. Elle a aussi lancé des ateliers : des initiations à différentes techniques (graffiti, pochoir, collage, détournement) pour les 8-14 ans les mercredis et samedis de 10h à 12h (le club Sprayito, en référence au personnage de Juan Spray) et un workshop ados et adultes le dernier samedi du mois sur le pochoir. Contact : galerierevelucide@gmail.com |