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Le projet de café associatif né dans une ancienne bâtisse de la caserne Friant en 2014 prend de l’essor. Les rendez-vous et événements s’y multiplient et l’extension de cette Maison résolument populaire, poétisée par l’architecte japonais Kinya Maruyama, sort de terre.

LMDC 1 © Noémie Laval

27.06.2023

Au 60, square Friant-les-Quatre-Chênes, l’ancienne maison du vaguemestre est depuis près de dix ans connue sous le nom de Maison du Colonel. En 2014, le devenir de cette bâtisse, non inclue dans le projet de restructuration de la caserne, s’était posé. « Elle servait alors aux artistes de La Briqueterie, explique Pierre Dupuis, coprésident de l’association éponyme. Le collectif qui s’occupait de l’aménagement du Jardin du bout d’la rue voisin a sollicité la mairie pour avoir ce lieu et le réhabiliter pour en faire un café associatif. Un bail emphytéotique de trente ans a été signé en 2016. » Depuis, la maisonnette de 50 m2 poursuit sa métamorphose, sous les conseils avisés et les dessins infiniment poétiques de Kinya Maruyama (lire encadré), un architecte japonais féru de chantiers participatifs à qui l’on doit notamment le poisson en bois au Jardin du bout d’la rue.

400 adhérents

Mais cette mue ne serait rien sans l’implication des bénévoles – une quinzaine – et des habitants et adhérents (environ 400, dont un tiers du quartier Elbeuf). Le week-end dernier se tenait un workshop autour de l’aménagement intérieur de l’extension en cours de construction et des extérieurs (terrasse, bardage…) aux côtés de l’architecte de 83 ans. « La Maison du Colonel est un projet ambitieux, affirme Axelle Libermann, sa nouvelle coordinatrice. Nous sommes aujourd’hui deux salariés, avec Thomas Lefebvre médiateur en développement durable. Entre les démarches administratives, l’accueil des bénévoles, de spectacles ou d’expos, les ateliers, la construction des partenariats, la recherche de financements, on ne s’embête pas. Les bénévoles décident des grandes lignes lors de nos assemblées populaires et des réunions. Ils sont parfois à l’initiative des ateliers, comme le tricot ou la chorale, ou encore le café en langue des signes française. »

LMDC 2 © Noémie Laval
Café Langue des signes française, le 22 juin 2023.

Des rendez-vous réguliers

Car, si la Maison continue son agrandissement (lire encadré), elle offre depuis 2022 un large panel d’activités avec ses partenaires, des créneaux de permanences et des rendez-vous fixes qui permettent « d’asseoir une régularité et de faire comprendre le projet de café associatif, décrit Axelle. Les habitants doivent savoir quand on est ouvert ». Les Apéronel, deux vendredis soir par mois, sont gérés entièrement par les bénévoles. Un speed dating littéraire pour pitcher ses livres préférés en trois minutes s’y tient désormais une fois par mois. De même qu’un atelier d’autoréparation de vélo avec Véloxygène et la distribution des paniers de l’Amap du Potager. « Nous, nous assurons les permanences et le café du mercredi et du vendredi après-midi. Le principe est toujours le même : les activités sont gratuites, il faut juste s’acquitter de l’adhésion annuelle qui est de 1€. Les repas servis lors des auberges et des brasseries éphémères que nous organisons sont proposés à prix coûtant. Notre marge – minime – se fait sur la bière. »

LMDC 3 © La Maison du Colonel

Philo, poterie, cabanes…

Cette ouverture d’esprit et cette accessibilité ont permis à ce lieu résolument convivial qui encourage les liens sociaux, la solidarité, la vie collective et la prise de responsabilité de ses usagers d’obtenir en décembre dernier l’agrément Espace de vie sociale délivré par la Caisse d’allocations familiales. « Cela valorise ce que l’on fait, sourit Axelle. Nous sommes un espace d’expérimentation et de partage de savoirs. » Ainsi, dès juillet, Les Petits Socratiques s’installeront une fois par mois à la Maison du Colonel pour animer un café philo. Jusqu’au 12 août, le café associatif et une quinzaine de partenaires valorisent les initiatives citoyennes, culturelles et participatives à travers la 2e édition de Habitons nos rêves (lire encadré). Le potier Pierre-Olivier Coulomb sera en résidence durant l’été pour créer avec les habitants la future vaisselle de la maison. « Des ateliers seront notamment mis en place avec Agena et Initi’Elles pour initier les femmes à la poterie. » Fin août, la Maison et ses abords fermés à la circulation seront entre les mains des bambins. « Du 23 au 25, nous organisons la première édition du festival Rêves d’enfants sur le thème de la vie sauvage, en partenariat avec le centre social Elbeuf et en présence de Kinya Maruyama. » Des ateliers, des spectacles et des constructions de cabanes sont programmés. La Maison du Colonel ou l’art d’enchanter le quotidien.

 

Coline Bergeon

 

La Maison du Colonel – café associatif

60, square Friant-Les-Quatre-Chênes

Permanences les mercredis de 14h à 18h et les vendredis de 16h à 18h

06 03 09 01 15 – contact@lamaisonducolonel.com

 

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Vue intérieure de la Maison du Colonel dessinée par l'architecte Kinya Maruyama et réalisée lors de chantiers participatifs.
L'espace accueille des expos et des spectacles, mais aussi des ateliers. Le bar trouvera place dans l'extension d'ici quelques mois.

La Maison s’agrandit

Le chantier avance à grands pas et devrait prendre fin au cours de l’été, avant que les bénévoles et adhérents mettent la main à la pâte pour habiller les murs et aménager les extérieurs. L’extension de la Maison du Colonel, en matériaux biosourcés, va permettre au café associatif de développer ses activités, notamment le volet cuisine – « ADN de notre association », affirme Pierre Dupuis. Des toilettes, un véritable espace bar et une cuisine, assortie d’une conserverie citoyenne, projet mené en partenariat avec Les Robin.e.s des bennes, trouveront leur place dans cette construction qui communique avec la bâtisse d’origine. Le budget participatif de la Ville d’Amiens aura permis aux deux assos de financer l’équipement de la conserverie (85 000 €), qui disposera d’une légumerie, d’un espace plonge, d’un autre pour le stockage et d’une zone propre pour les préparations dans le respect des normes d’hygiène. Elle permettra d’écouler les tonnes de denrées glanées auprès des producteurs locaux par Les Robin.e.s des bennes pour en faire des conserves avec l’implication des habitants. Un projet inédit, qui s’inscrit dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, le bien manger, le locavorisme et la transmission avec entre autres la réappropriation de techniques anciennes. « C’est aussi une belle façon de mutualiser et d’amortir l’investissement réalisé pour l’extension et la cuisine, appuie Pierre Dupuis. L’idée est que les participants aux futurs ateliers puissent repartir chez eux avec leur nourriture transformée. Nous explorons encore différentes modalités – ventes et dons – pour écouler les stocks qui seront produits. » Date de mise en fonction prévue dans un an.

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Questions à Kinya Maruyama, architecte tokyoïte.

Depuis quand travaillez-vous sur le projet de La Maison du Colonel ?

Ça va bientôt faire dix ans. Déjà… Je travaillais avant sur le Jardin du bout d’la rue. C’est Julien Pradat (cabinet d’architecte Murmur engagé également sur ce chantier) qui est venu me chercher quand je faisais un workshop à Boulogne-sur-Mer.

 

Vous venez souvent en France ?

Oui. Depuis les années 80 ou 90. J’aime les chantiers participatifs. Mon premier grand workshop, c’était Le Jardin étoilé à Nantes.

 

Et à Amiens ?

Je viens à la Maison du Colonel deux ou trois fois par an. Les gens changent et en même temps c’est comme une famille maintenant.

 

Il y a encore pas mal de choses à faire ?

Là, nous allons travailler sur l’aménagement des terrasses et l’intérieur de l’extension. Deux chantiers sont prévus autour du bois et de la céramique pour recouvrir notamment un élément en béton dans la cuisine. Je n’aime pas le béton (sourire).

 

Qu’est-ce qui vous a plu dans ce projet ?

L’idée de faire de cette maison un café associatif m’a beaucoup plu. L’envie d’améliorer le quotidien des gens et de les aider à mieux manger aussi. Ça m’a touché. Et puis travailler ensemble, c’est inspirant. Ce sont les habitants qui vont habiter ces lieux, les utiliser, les maintenir et les entretenir. Je n’aime pas le principe “d’œuvre” que l’architecte abandonne une fois terminée. C’est quelque chose que je refuse.

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L'architecte japonais, Kinya Maruyama.

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Festival d’initiatives pour une ville plus belle

 Jusqu’au 12 août, La Maison du Colonel et ses partenaires – les centres culturel Léo-Lagrange et Jacques-Tati, L’Île aux fruits, La Briqueterie, Les Éditions du Monstre, Zébulon, les Francas, Zéro Waste Amiens, le Frac Picardie, Les Robin.e.s des bennes, la Maam… -–mutualisent leurs moyens et leurs idées pour la deuxième édition du festival Habitons nos rêves. Ce temps fort collaboratif et gratuit qui anime différents quartiers de la ville a pour thème “Pourquoi prendre son temps ?” Eh bien, pour revenir à l’essentiel, pour créer des liens et découvrir les belles initiatives qui fleurissent aux quatre coins d’Amiens. Rues aux enfants, balade à vélo, fête citoyenne, festival pluridisciplinaire, villages de jeux…  Demandez le programme !

Facebook et Instagram : Habitons nos rêves

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