Abstractions colorées
Laurence Granger et Anne-Sylvie Hubert exposent et confrontent leurs peintures avec la couleur comme thématique centrale, jusqu’au 31 mai, au Safran.
16.04.2024
C’est dans un Carré Noir baigné d’une lumière naturelle offrant toutes « les variations possibles qui vont aider la peinture à mieux vivre », que Marie Lepetit, responsable du Centre d’art du Safran, a inauguré le 12 avril Les Enjeux de la couleur. Une exposition qui réunit les toiles de Laurence Granger et d’Anne-Sylvie Hubert, confrontant leur style abstrait respectif – « toile blanche sur châssis avec rapport de couleurs, de tâches et de graphies pour l’une et support libre et peinture plurielle pour l’autre » –, et l’énergie qui s’en dégage. Des carnets de croquis conservés sous vitrines élargissent la découverte du travail des deux artistes.
Anne-Sylvie Hubert : la nature comme point de départ
Les peintures d’Anne-Sylvie Hubert trouvent ancrage dans les traces laissées par la nature et ses éléments sur des toiles libres, souvent d’anciens draps de lin tissés, pliés, plissés ou dépliés. « Je commence par un travail de décantation au sol et en extérieur, au contact de la terre, du bois et des végétaux. Il faut qu’il pleuve plusieurs fois. Les empreintes laissées vont ensuite suggérer la façon dont je vais intervenir. La question du sensible et des formes géométriques que je mets en relation est importante. On relie un peu toute l’histoire de la peinture. On va puiser une forme de liberté et d’imaginaire en proposant des formes et des choses abordées d’une autre façon et avec des techniques disparates. Arriver à la peinture-sculpture amène une autre dimension, des ombres et des lumières différentes. Ça permet d’associer des données et de proposer un cheminement pour imaginer, sentir, voir et s’approprier les toiles. »
Laurence Granger : une création instinctive, vive et électrique
« Je fais de la peinture abstraite sur une toile polyester blanche déjà apprêtée. Mais j’utilise d’autres supports variés tels que le carton et le papier car c’est la peinture elle-même qui m’intéresse. Je ne fais jamais de dessin préparatoire et j’utilise la couleur de manière abondante, instinctive et sans complexe. Je ne prépare jamais de mélange et le fais directement sur la toile. Je recherche le mouvement par le geste rapide, la lumière et la sensation qui vont émaner d’une présence, d’un équilibre acquis mais aussi d’une légère instabilité qui va m’imposer de répéter et de faire des séries. Le format n’est jamais neutre, il m’engage physiquement comme lorsque je peins au sol. Il y a toujours la curiosité du geste à trouver et à inventer. Mes toiles incarnent une vision, quelque chose de mental, une image qu’il faut aller chercher. Ma peinture est finalement la rencontre d’éléments matériels et spirituels. »
Ingrid Lemaire
Les Enjeux de la couleur, jusqu’au 31 mai, au Safran
Visite guidée le 14 mai, à 18h / Visite Pic-Nic, le 15 mai, à 12h30.
03 22 69 66 00 - https://www.amiens.fr/Vivre-a-Amiens/Culture-Patrimoine/Etablissements-culturels/Le-Safran