Au bout d’la rue, on partage des bouts d’jardin
Au Jardin du bout d’la rue, dans le quartier Elbeuf-Lescouvé, on cultive la convivialité : les habitants sont invités à cultiver fruits et légumes dans des parcelles individuelles ou collectives.
17.10.2023
Derrière La Briqueterie et le dojo régional des Hauts-de-France, non loin du Mic Mac, c’est au bout de ce petit coin du quartier Elbeuf-Lescouvé qui descend vers les voies de chemin de fer que se cache le Jardin du bout d’la rue. Grand terrain enclavé dans un espace de verdure, ce jardin partagé se compose d’une cinquantaine de parcelles, individuelles ou collectives, ordonnées en forme de fleur. Et mobilise autant de bénévoles réguliers.
Jardins collectifs, outils collectifs
« Même si la terre n’est pas exceptionnelle, l’idée est que les gens se fassent plaisir et repartent avec leurs petites récoltes », explique Ludivine Dumont, la responsable du jardin, qui tient les permanences chaque premier samedi du mois lors desquelles on peut venir retenir son petit lopin de terre. Habitant du quartier, Cherif est de ceux-là. Il vient tout juste de prendre possession d’une modeste parcelle. Comme les autres jardiniers, il aura accès au conteneur à outils collectif et aux activités qui y sont organisées. « En janvier, on fera le point. Mais des parcelles sont toujours disponibles. C’est un roulement permanent. Beaucoup découvrent que le jardinage peut être chronophage… »
« Le jardin est ce qu’en font les gens »
Jardiner, prendre l’air avec ses enfants, rencontrer ses voisins, créer du lien, apprendre et partager : toutes les raisons sont bonnes pour fréquenter le lieu. « On a un habitué qui aime simplement se poser avec sa guitare au milieu d’un jardin. Offrir un espace de convivialité fait aussi partie de nos objectifs. Le jardin est finalement ce qu’en font les gens », résume Didier, membre de l’association et main forte pour le bricolage, les astuces et la mise en forme artistique du site.
Engrais prohibés
Ici, on prône le développement durable et la gestion écologique : engrais prohibés, plantation de saules dont les branches sont utilisées pour la fabrication d’éléments structurels ou de décoration, paillage, compost, récupérateurs d’eau… Si les herbes folles poussent, c’est pour le plus grand bien du jardin où coupes d’arbres, bouturage, défrichage des zones collectives et repiquage des surplus de plants offerts par le Jardin des plantes d’Amiens et les Robin.e.s des bennes font partie des activités.
Bientôt des vignes
En ce mois d’octobre, alors que les potirons orangés demandent à être ramassés et que la deuxième cueillette de figues va attendre encore quelques jours, des framboises mûrissent toujours parmi les floraisons d’été qui s’attardent sous un ciel estival. Cet automne, parmi quelques arbres fruitiers, des vignes seront même plantées. « Face au réchauffement climatique, depuis deux ans, on réfléchit de plus en plus à ce que nous plantons, indique Ludivine Dumont. On a des copains qui ont planté des melons et ça a super bien marché. »
Économiser l’eau
« D’ailleurs, dans l’histoire des hortillonnages ces fruits étaient clochés et déclochés chaque matin par les enfants des hortillons », rappelle Didier Ferment. Derrière l’espace aromatique dessiné en spirale, la serre qui trône au fond de la parcelle déborde de verdure : « Ici, l’été on essaie de pailler pour éviter l’évaporation de l’humidité. On va aussi étudier son chaulage. » « L’eau et sa gestion sont nos gros chantiers, souligne Ludivine Dumont. Comment la récupérer et la garder ? » L’installation d’oyas et de haie de protection contre le vent est dans les têtes. « Toutes les astuces sont bonnes. Ça sera comme ça partout, il faut être clair. » Au Jardin du bout d’la rue, les idées ne manquent pas.
Ingrid Lemaire
Le Jardin du Bout d'la rue, 2 rue Lescouvé
Permanences le 1er samedi de chaque mois, de 10h à 12h
Adhésion sur place
Infos : jardinduboutdlarue@gmail.com