BnF : le projet amiénois dévoilé
Le 12 mars, au Musée de Picardie, la BnF a dévoilé le futur pôle de conservation de ses collections et le Conservatoire national de la presse qui sera mené par l’équipe franco-britannique TVK et Carmody Groarke, sur l’ancien site de l’hôpital nord, à Amiens.
14.03.2024
Pour Laurence Engel, présidente de la BnF, l’étape était importante. L’annonce le 12 mars au Musée de Picardie de l’équipe d’architecture lauréate du projet de construction, à Amiens, du nouveau centre de conservation de la BnF et du Conservatoire national de la presse, était en effet décisive pour « apporter la meilleure réponse à l’extension de [leurs] capacités de stockage à l’horizon 2029 ». Parmi les 102 candidats, TVK et Carmody Groarke ont remporté le projet dont le budget prévisionnel est fixé à près de 97 millions d’euros. Le bureau international d’architecture et d’urbanisme parisien de Pierre-Alain Trévelo et Antoine Viger-Kohler s’est associé au réputé cabinet d’architectes londonien fondé par Kevin Carmody et Andy Groarke qui chapeaute actuellement la construction du bâtiment d’archives pour la collection nationale de la British Library dans le Yorkshire. L’Oppic, Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture, sera chargé de la maîtrise d’ouvrage.
Halle monumentale
« Leur projet technologique, innovant, stratégique et d’excellence s’est démarqué par une très grande qualité architecturale qui s’inscrit depuis toujours dans l’histoire et l’identité de la BnF, marquée sur l’ensemble de ses sites par des interventions architecturales particulièrement remarquables », a souligné Laurence Engel. Avec une surface d’environ 10 000 m2 répartis entre un bâtiment de conservation de 6 000 m2, soit 280 kilomètres linéaires, et près de 2000 m2 d’ateliers pour la restauration et la numérisation des collections, le projet monumental offre un nouveau magasin de collections hautement technologique, entièrement robotisé, fonctionnant sous atmosphère à oxygène raréfié et sans climatisation active afin de favoriser une meilleure préservation des documents, notamment les plus fragiles. « Avec ses 20 mètres de hauteur, singulière, en légère oblique qui reprend celle de la citadelle de Renzo Piano voisine, la halle robotisée s’enveloppe d’une peau diaphane faite de maille métallique qui va refléter la lumière et convoquer l’imaginaire sur ce qu’elle contient, a décrit Pierre-Alain Trévelo. Son rôle est avant tout climatique pour protéger l’écrin des rayons solaires et de la pluie et favoriser le maintien d’un microclimat. »
Programme similaire à la British Library
Au sud, le bâtiment de travail superpose les plateaux dans une composition horizontale et ouverte qui permet une relation intense aux paysages amiénois proches et lointains. Baigné de lumière naturelle, le bâtiment, associant le bois et le béton, est organisé autour d’une cour et d’une toiture-terrasse. Dans la langue de Shakespeare, Andy Groarke s’est dit « heureux de participer à ce beau projet, d’apporter [son] expertise et [son] expérience. Nous sommes impatients de commencer à travailler avec la BnF, l’Oppic et TVK d’autant que nous élaborons un programme similaire avec la British Library. » Un nouveau pôle d’excellence pour les métiers d’art émergera également à Amiens, aux côtés de ceux déjà déployés par la BnF sur ses deux sites parisiens, Richelieu et François-Mitterrand. Pour son nouveau centre de conservation et le Conservatoire national de la presse à Amiens, la BnF vise par ailleurs la certification Haute Qualité Environnementale Bâtiment Durable
(HQE BD), certification déjà accordée au programme technique.
« Intégration particulière et fondamentale dans la ville »
« Je suis aujourd’hui un maire heureux car c’est un moment rare pour notre Ville, a souligné Brigitte Fouré. Nous sommes fiers d’avoir été choisis pour ce projet qui concrétise une ambition partagée. Le projet répond au besoin de la BnF et réalise le souhait d’une intégration fondamentale dans la ville à la jonction entre trois quartiers : le nord avec sa jeunesse importante, la citadelle pour son histoire et son renouveau et l’espace en devenir de l’ancien hôpital. Vous proposez un bâtiment avec une identité et un traitement paysager qui le mettra en valeur notamment par le biais de ce parvis végétalisé à la mode du XXIe siècle. »
« Reconnaissance de la politique d’attractivité »
Alain Gest, le président d’Amiens Métropole, était tout autant conquis : « Je ne vais pas bouder notre plaisir de voir que la BnF, celle qui fut celle de Charles V et qui a mis en avant le Louvre a choisi Amiens. J’y vois une reconnaissance de la stratégie d’attractivité menée depuis dix ans et des actions culturelles ambitieuses avec plus de 60 millions d’euros d’investissements. Le choix a été guidé par la proximité du pôle universitaire de Renzo Piano, le cadre de vie et l’implication de nos collectivités. C’est une opportunité pour contribuer au dynamisme d’un quartier au cœur de la politique de rénovation urbaine, une chance pour le rayonnement d’Amiens et les partenariats déjà noués et ceux à venir. »
Ingrid Lemaire
Le calendrier :
De mars 2024 au printemps 2025 : Reprise d’esquisse, avant-projet sommaire, avant-projet détaillé.
Été-automne 2025 : Préparation des dossiers de consultation des entreprises.
Printemps 2026 : Démarrage des travaux.
Avant fin 2029 : Réception et marche à blanc avant l’engagement des transferts de collections.
Fin 2029 : Mise en service du pôle.