Habibi ou la déclaration d’amour à la cuisine de Mehdiya Kerairia
L’Amiénoise Mehdiya Kerairia vient de sortir Habibi, un livre de recettes du Maghreb simples, accessibles et richement illustrées. Une ode à ses racines, à l’art de la gastronomie et la joie de vivre d’une passionnée, auteure et styliste culinaire.
14.11.2023
Aussi fraîche et pétillante que la recette de son cherbet au citron, citronnade originaire de Boufarik, commune située à quelques kilomètres d’Alger, Mehdiya Kerairia livre dans son ouvrage Habibi (mon amour, en arabe) un héritage culinaire transmis de génération en génération. « J’ai grandi avec la cuisine, c’est central et essentiel dans ma vie », livre la quarantenaire Amiénoise. Façonnée par une double culture, algérienne et française, la table était autant ouverte sur le traditionnel couscous royal et les boulettes de sardines que le bœuf bourguignon, le poulet rôti du dimanche et ses frites maison. « J’ai la chance d’avoir hérité de toute cette richesse », souligne Mehdiya Kerairia. Diplômée en communication et en management des affaires culturelles et artistiques, passée par le design chez L’Oréal et Garnier France, le stylisme d’ouvrage pour Hachette et Mango édition, la dynamique jeune maman décide en 2021 de se consacrer à ce qu’elle aime : cuisiner, transmettre et partager.
Cuisine sans dosage
Son blog culinaire Poire et Cactus , qui compte 16 000 abonnés sur Instagram, avait déjà tracé le chemin de table dès 2011 : des recettes tout en finesse et simples à réaliser. « Avec pas grand-chose, on peut faire un plat Whaou ! », assure l’Amiénoise. Son principe : avoir toujours dans ses placards la base : épices, œufs, farine… et peu de produits transformés dans son réfrigérateur. « J’ai grandi dans une cuisine sans balance. Pour faire les crêpes, ma mère ne dosait rien. Du coup, je pensais naïvement que la cuisine était naturelle pour tout le monde. Alors qu’en préparant une omelette et en y ajoutant des herbes, des épices et des tomates, on a notre plat. »
Voyage dans les saveurs
Les 80 recettes de l’ouvrage Habibi, dont elle signe le séduisant stylisme coloré façon moucharabieh, offrent un florilège de saveurs. Au menu : les ingrédients de son mélange d’épices pour concocter le ras el-hanout, les huiles aromatiques et les marinades, les étapes pour mijoter les plats, assortir les salades et confectionner des snacks, des recettes pour les accompagnements comme son pain khobz dar et ses carottes rôties aux grains de grenade et miel sans oublier desserts, confitures et boissons. Le tout agrémenté de photos qui mettent l’eau à la bouche ou suggèrent un carnet de voyage fleurant les mille et une saveurs. D’autres suggestions comme son lait de dattes – créations patiemment travaillées – ou les galettes de pommes de terre – héritées de sa mère. « On adorait ça. C’était des pommes de terre et des oignons râpés avec un peu d’œufs. À cette base, j’ai ajouté des crevettes ou des petits pois. Ma cuisine est très naturelle et intuitive. J’aime l’idée d’ouvrir son réfrigérateur et d’improviser une recette. »
La table, tout un art
Fil conducteur : son goût pour la présentation, la mise en scène et la photographie des plats que l’on retrouve dans Habibi. « La cuisine, c’est l’amour de tout ce que ça englobe : faire son marché, rencontrer les producteurs, dégoter les bons produits, cuisiner, choisir la bonne vaisselle, dresser la table… Le moment passé avec les gens que l’on aime autour d’un repas est aussi important. » Styliste culinaire, l’Amiénoise aime chiner et travailler avec des créateurs, des céramistes et des petites enseignes. « À Amiens, certains font un travail remarquable comme Helna Ceramics. » Pour le futur, Mehdiya Kerairia espère ouvrir un studio de création : « Un lieu pluridisciplinaire où je continuerais à exercer mon activité mais qui soit aussi un espace équipé pour proposer des ateliers et des rencontres. » À la rédaction du JDA, ses boules de coco et citron vert n’ont pas fait un pli. Sa recette est page 199. À vos fourneaux !
Ingrid Lemaire
