Il y a dix ans, une tempête de neige s’abat sur Amiens
Retour en images sur un événement resté dans les mémoires. Dans la nuit du 11 au 12 mars 2013, il y a tout juste dix ans, la neige surprenait la population en tombant abondamment et paralysait le trafic. Entre bons souvenirs pour les enfants devenus grands et cauchemars pour les personnes restées coincées dans leur voiture.
07.03.2023
L’hiver se termine et les premiers flocons de l’année étaient timidement annoncés pour ce mercredi. Il y a tout juste dix ans, c’est un épisode extrême qu’a connu l’agglomération amiénoise. Dans la soirée du 11 mars, des quantités presque inédites de neige s’abattent. Les routes blanchissent inexorablement, les congères se forment. Sur la rocade, on roule au pas. Un peu avant 20h, les automobilistes qui s’engagent sur la RN25 s’arrêtent. Impossible d’avancer. La route est bloquée entre Poulainville et Villers-Bocage. 70 personnes se retrouvent coincées et passeront la nuit dans leur voiture, secourues à 5h du matin par la Croix-Rouge et recueillies par la Ville d’Amiens au gymnase Jean-Renaux.
C’est là que le JDA croise Linda et Bérangère, amies d’infortune, une couverture de survie sur le dos et un thé dans les mains. Linda, qui sortait de son premier jour de travail à Amiens, raconte alors : « À 3h, je n’avais plus de gazole, le moteur s’est coupé. Les vitres givraient à l’intérieur. Je me suis sentie partir. J’ai quand même eu la force de sortir pour aller vers un autre véhicule ». Elle trouve refuge dans la voiture de Bérangère qui parle « de film catastrophe. Avec les rafales de vent, la voiture bougeait ». On déplorera une femme hospitalisée pour hypothermie.
Quand Amiens se réveille, les enfants découvrent un spectacle hallucinant. Il y a une forme de gentille pagaille mais la neige feutre tout bruit. Le système D prévaut. On croise ces femmes, raquettes aux pieds. Il y a un côté féérique en centre-ville. Sur la RN25, où il faut récupérer les véhicules naufragés, c’est plutôt la désolation. Des semi-remorques en travers, dont celui d’un Polonais : « My boss doesn’t believe me ! (Mon patron ne me croit pas, ndlr) ». On ne distingue rien du ciel, des champs, de la route. Juste des voitures éparpillées dans un décor infiniment blanc.
D’après la Croix-Rouge, on n’avait jamais vu ça. Même l’épisode neigeux de décembre 2010, soir des vacances scolaires où la neige avait saisi les habitants à la sortie du travail, semble dépassé.Bérangère avait vu juste : « Ça nous fera des histoires à raconter ». C’était il y a dix ans.
Antoine Caux
Crédit Photo : Jean-Marie Faucillon, Sébastien Coquille, Vincent Gross, Antoine Caux