Votre navigateur est obsolète!

Mettez à jour votre navigateur pour afficher correctement ce site Web. Mettre à jour maintenant

×

Incurable Philippe Lacoche

Un roman salué, une pièce de théâtre décomplexée et une radioscopie du quartier Étouvie… L’écrivain-journaliste, 67 ans, enchaîne les publications dont Je suis Picard mais je me soigne, un essai sur sa Picardie chérie avec une préface signée Philippe Tesson, décédé depuis.

 

Philippe Lacoche  © Antoine Caux
Philippe Lacoche au bar Le Café le 7 juin dernier

13.06.2023

« Tiens, j’étais juste là, montre-t-il depuis la terrasse du Café, chez Pierre. Je l’ai appelé pour le remercier. » Philippe Lacoche prend alors le phrasé de Philippe Tesson, un peu grandiloquent, pour l’imiter respectueusement : « “Mais vous n’avez pas à me remercier, on est d’pays (sic) ”. Il disait ça, “on est d’pays” ». Comprendre : on est de l’Aisne. Un point commun qui explique pourquoi Philippe Tesson, journaliste, chroniqueur, critique, homme de presse et de médias, réac, très parisien mais né à Wassigny-en-Thiérache et décédé en février dernier, aura donc fait cadeau de son dernier texte à Philippe Lacoche, pour la préface de Je suis picard mais je me soigne. « Il n’était pas obligé, le remercie encore Lacoche. C’était quelqu’un d’extrêmement élégant. Tu en as plus d’un qui aurait demandé quelque chose. Il aimait tant parler de l’Aisne et de la Picardie. » Qui se ressemble, s’assemble.

« Tesson m’avait ouvert grand les bras »

 

« Je l’avais contacté il y a longtemps quand je m’occupais des portraits de Picards au Courrier Picard. Je le lisais beaucoup, connaissais son histoire. Il m’avait ouvert grand les bras. On a passé un long moment rue des Saints-Pères, une super interview. Nous avons sympathisé tout de suite. D’un point de vue littéraire, théâtral, journalistique, on s’est entendu. On est resté en contact. On s’envoyait des SMS. Et j’ai tout de suite pensé à lui pour mon essai sur la Picardie. »

Je suis picard mais je me soigne (éd. héliopoles)

 

C’était mieux avant

 

Son Je suis Picard mais je me soigne appartient à une collection parue chez Héliopoles (il existe le Je suis Bourguignon mais je me soigne, l’Angevin, l’Alascien, le Normand…) mais colle parfaitement à la veine Lacoche, mélange d’amour sincère, de défense, de fierté mythifiée pour la région, d’une nostalgie, d’un assumé c’était-mieux-avant voire, d’un on-ne-peut-plus-rien dire. Je suis Picard mais je me soigne est une ode aux décors picards (quand bien même ils peuvent être rudes), aux héros picards (quand bien même on l’ignorait), à ses auteurs. « Je ne suis pas picardisant. Je suis picard et je le revendique même si je suis très français. Sans nationalisme, précise-t-il. Les paysages, l’histoire, le climat nous façonnent. Et la Picardie est cette zone tampon, entre le bassin parisien et le Nord, cette zone d’invasion qui a toujours été tiraillée, cette terre labourée par les guerres, terre de souffrances, de cimetières militaires, qui a donné un tempérament à se “mucher” comme on dit en picard, c’est-à-dire se protéger. Le Picard n’est pas très “diseux”, pas très volubile, pas très bavard. Ce n’est pas qu’il se méfie, c’est qu’il attend, qu’il est sur la réserve. Et tout ça s’explique par l’histoire. »

Les ombres des Mohicans (éd. du Rocher)

Dans la sélection du Printemps du Renaudot

 

Lacoche conte la Picardie mieux qu’il ne l’incarne ; car volubile, il est. Prolifique, surtout. Puisqu’au même moment est sorti Les Ombres des Mohicans (Éditions du Rocher). Un roman, ce qu’il préfère écrire, qui sent le vin, la musique, les femmes, le désir, qui sent Philippe Lacoche, présent dans l’ouvrage sans vraiment l’être. De quoi rajouter le journaliste devenu écrivain (à moins que ce ne soit l’inverse) à la longue liste des auteurs dont il ravive les origines picardes (Roger Vailland, La Fontaine, Dumas, Laclos, Dorgelès, Mac Orlan…) dans Je suis Picard mais je me soigne. « Oh ! bah oui, après tout mais comme d’autres : Francis Demarcy et François Thibaux aux Éditions du Labyrinthe. » Ses Ombres des Mohicans, qui ont atteint la sélection finale du prix Denis Tillinac, figurent dans la sélection du Printemps du jury du Prix Renaudot.

 

Antoine Caux

 

 

Étouvie : village ou ghetto ? (éd. L'Harmattan La Licorne) Pourriture (éd. Les Soleils bleus)