" L'art se transmet "
Zoom sur les résidences-missions d’éducation artistique et culturelle portées par Amiens Métropole cette année et qui dévoileront leurs fruits lors du Week-end de Saint-Leu les 1er et 2 juin et du festival des habitants à Elbeuf-Lescouvé le 31 mai.
28.05.2024
Amiens Métropole accueille sur son territoire des artistes aux horizons divers pour des résidences-missions soutenues par la Direction régionale des affaires culturelles. Celles-ci, inscrites dans le nouveau schéma métropolitain d’éducation artistique et culturelle, n’ont pas un objectif de création mais bien d’action culturelle. Les artistes viennent sur une période de quatre mois transmettre leur travail auprès de publics variés. Des stages et ateliers sont animés pendant les vacances mais aussi sur le temps scolaire pour faire naître des projets aux formes esthétiques diverses, s’appuyant sur les ressources du territoire. Ainsi, trois résidence-missions, qui ont concerné une soixantaine de groupes durant cette année scolaire, sont sur le point de s’achever à Amiens Métropole. Celle du photographe ariégeois Joseph Gallix (lire encadré) s’est clôturée par une exposition à la Maison de la culture en ce mois de mai.
Faire ensemble
À Saint-Leu, les 1er et 2 juin, c’est tout un festival qui a été confié aux bons soins de Cécile Morelle (Cie Le Compost) et du trio Laetitia Troussel-Luber, Maëlys Rebuttini et Juliette Gérôme (Cie Banana Tragédie). Leur résidence-mission cadrait parfaitement avec la nouvelle orientation prise par la Maison du théâtre d’Amiens (MTA). Celle de « tendre la main aux habitants pour coconstruire ce Week-end de Saint-Leu (ex-Banquet de Saint-Leu, ndlr) avec eux et de donner le temps aux artistes d’habiter la Maison et le territoire pour s’imprégner des lieux et donner du sens à leur résidence, pose Jérôme Sallé, le directeur de la MTA. Je voulais aussi que ce festival ait une couleur artistique particulière en confiant sa programmation à des artistes différents chaque année ».
Un tissu d’histoires
Ces quatre mois de résidence auront permis aux artistes de définir une programmation (lire encadré) « hybride, investissant les différents espaces du quartier Saint-Leu et impliquant le public pour la quasi-totalité, détaille Cécile Morelle. Nous avons choisi des spectacles et concerts dans lesquels les spectateurs sont parties prenantes ». Mais ce temps fort sera aussi pour ces quatre jeunes femmes l’occasion de dévoiler leur création Dans de beaux draps. « Je travaille autour de la collecte de paroles et Laetitia est beaucoup dans l’oralité, poursuit Cécile Morelle. Ce spectacle-performance est le fruit d’une collecte de tissus et de récits qui leur sont liés auprès d’habitants de différents territoires. Nous avons tous une histoire ou un rapport avec les vêtements, les tissus ». « Ce thème, qui trouvait un écho aussi avec le passé industriel du quartier Saint-Leu, a guidé notre programmation », poursuit Laetitia Troussel-Luber.
Valeur humaine ajoutée
Des tableaux textiles gigantesques et quasi fantastiques réalisés par Juliette Gerôme à partir des histoires des habitants seront exposés, d’autres récits intégrés au Visiophare – un mapping performance diffusé à la tombée de la nuit... « Nous avons travaillé avec près de 150 personnes, des jeunes de CE2 aux seniors, avec des groupes de tricoteuses retraitées du Relais social ou de la Maison du Colonel, des participantes de l’atelier de la Cordée de Léo-Lagrange… Tous nous ont donnés énormément de leur poésie et de leur énergie. Certains seront acteurs pendant ce week-end, d’autres spectateurs. » Autour des propositions artistiques du programme s’ajouteront quelques surprises : des récits, des entresorts, des chorégraphies avec les habitants… conférant à ces deux jours « une valeur profondément humaine », se réjouit Jérôme Sallé pour qui « l’art ne s’apprend pas mais se transmet ».
Des recettes qui créent du lien
Chez Delphine Bailleul (Cie Mirlaridaine), les liens se tissent autour de la nourriture. La Rennaise, en résidence à Amiens Métropole depuis fin février et jusqu’à fin juin, mène différents ateliers autour du théâtre et des repas. Et Delphine a plus d’un tour dans son sac pour allier création et gourmandise, art et moments festifs. Ainsi ce 31 mai, elle accompagnera un groupe de femmes du centre social Elbeuf-Lescouvé qui organise le festival E-Story (lire encadré) en même temps que la Fête des voisins. « Dans ce quartier, j’ai interviewé des personnes autour de leurs recettes, explique l’artiste. Vendredi après-midi un groupe d’habitantes cuisinera lors d’un atelier, puis nous travaillerons une petite chorégraphie pour qu’elles déposent leurs plats sur le buffet. L’idée est de remettre en lumière cette nourriture et celles qui ont cuisiné. »
Adapter les propositions
Une centaine de personnes ont ainsi pu déjà goûter à l’univers artistique de Mirlaridaine – des publics très variés encore – : personnes en hôpital psychiatrique, écoliers, ados en hôpital de jour… Certains ont reproduit des tableaux célèbres en nourriture, d’autres des paysages... « À l’école d’Allonville, je vais me pencher sur l’illustration de contes ». À chaque proposition, l’idée est de partager un moment festif, d’échanger et générer des liens en grignotant les réalisations. Comme ces portraits comestibles façon Arcimboldo réalisés avec et par des personnes fréquentant le CSC Étouvie. « On travaille sur les couleurs, la saisonnalité, cela peut permettre dans certains cas de faire découvrir les fruits et légumes. J’adapte mes propositions en fonction des publics. Là, je vais entamer un travail avec des personnes souffrant d’anorexie. Une première pour moi », poursuit Delphine Bailleul qui devrait aussi, fin juin, mettre son grain de sel à l’Étoile du Sud pour un repas artistique et convivial.
Coline Bergeon
Dans l'oeil de Joseph Gallix
Joseph Gallix, photographe ariégeois inspiré par les histoires des gens et des territoires, développe une approche documentaire et engagée. Il a posé ses valises à Amiens Métropole, menant des ateliers photographiques autour de thèmes choisis avec les groupes qu’il a rencontrés : l’Itep à Dury, l’Apap et la DRE à Étouvie, les associations Miel et Caps, les écoles Camille-Claudel, Condorcet, Delpech, Bords-de-Somme, le collège Janvier, l’Unité éducative d’activité de jour, le lycée Branly, les centres de loisirs (le Ranch à Camon, et la tour du Marais)… Son travail personnel L'Échappée, fruit d’une résidence de création et d’action culturelle à l’île d’Yeu (Vendée) entre octobre 2019 et juin 2020, a été exposé au bar Côté Jardin de la Maison de la culture du 3 au 22 mai, permettant aux publics auprès desquels l’artiste est intervenu de découvrir son univers.
Le Week-end de Saint-Leu
1er juin 14h : inauguration puis parade textile, place Aristide-Briand. 15h30 : Dans de beaux draps – Cies Le Compost et Banana Tragédie, parking du théâtre Chés Cabotans. 16h45 – 17h45 : Le Folâtre Cabinet de dactylographie – Cie Le Bureau des infinis, parking du théâtre Chés Cabotans. 18h : concert de Gabriel Tür, place Aristide-Briand. 19h30 : Auberge espagnole, espace Anna-Politkovskaïa. 22h : Visiophare, au départ de l’espace Anna-Politkovskaïa. 2 juin 10h : Chasse aux trousors dans le quartier Saint-Leu, au départ de la Maison du théâtre. 12h : Le Banquet, place Aristide-Briand (rés. : 03 22 71 62 90). 16h : Mon Bel Oranger, par la Cie Tête aux pieds, Maison du théâtre (rés. : 03 22 71 62 90). 18h30 : Le Concert dont vous êtes le héros, d’Arthur Ribo, place de l’église Saint-Leu. Gratuit.
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E-Story à Elbeuf/Lescouvé
Le 31 mai, rue Louis-Antoine-de-Saint-Just, le centre social Elbeuf-Lescouvé et ses partenaires organisent E-Story, le festival des habitants. Au menu : expo sur l’histoire du quartier, chant et théâtre “Imagine ton quartier”, ateliers parents/enfants, espace vidéo intergénérationnelle, témoignages d’habitants, stand radio, Fête des voisins et autres surprises. Ce sera l’occasion aussi de célébrer les 10 ans du centre social. Plus d’infos sur : https://www.facebook.com/elbeuf.l.centresocial?locale=fr_FR
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