L’écologie en filigrane
L’exposition Printemps silencieux présentée par le Frac Picardie à la Maison de l’architecture se poursuit jusqu’au 30 juin.
13.06.2023
18 dessins de Boryana Petkova déploient des fleurs dans un geste performatif de son corps mis en mouvement pour dessiner ainsi qu’une sorte d’herbier renvoyant à des émotions et un vécu personnel. Un glacier sous vitrine d’Irene Kopelman réalisé à partir d’éléments de porcelaine côtoyant des dessins de lichens. Plus loin, ceux de Clément Verger montrent des oiseaux fictifs en écho aux planches de Georges-Louis Leclerc (comte de Buffon) présentant des animaux en voie de disparition. De grandes photos de cascades aux motifs ciselés et scarifiés au scalpel par Raphaëlle Peria. Mais aussi, un cabinet de curiosités à travers lequel François Olislaeger utilise le vocabulaire de bande dessinée livrant un récit qui attire l’attention sur les éléments naturels…
Rachel Carson comme point de départ
L’exposition Printemps silencieux présentée jusqu’au 30 juin par le Frac Picardie à la Maison de l’architecture nous alerte sur des éléments en voie de disparition et questionne le rapport de l’humain à la nature. Elle résonne avec un corpus d’œuvres acquises entre 2020 et 2022. « Dans le cadre des 40 ans des Frac (Fonds régional d’art contemporain, ndlr), dont celui de Picardie qui détient 30 000 œuvres autour du dessin, le titre de l’exposition est une forme d’hommage à Rachel Carson, précise Pascal Neveux, directeur du Frac Picardie, troisième collection publique d’œuvres en France après le Centre Georges-Pompidou et le Centre national des arts plastiques. Biologiste engagée, pionnière et figure tutélaire des mouvements écologistes, Rachel Carson a écrit Printemps silencieux, son premier livre en 1962 sur le scandale des pesticides et notamment le DDT. »
Se nourrir des arts
« Il y a beaucoup de choses nouvelles au Frac, remarque Jean-Louis Maniaque, président de la Maison de l’architecture des Hauts-de-France qui accueille pour la première fois la collection du Frac Picardie. Cette exposition est importante pour les architectes et la profession mais aussi pour les étudiants. Cela permet de se nourrir de manière transversale à travers d’autres disciplines artistiques fondamentales. » Pour l’architecte, le projet commence par des objets dits à réaction poétique, pour reprendre la formule du Corbusier qui considérait qu’à partir de formes simples, de matériaux bruts et d’objets trouvés, l’on pouvait tirer des fils d’imaginaire puisés dans leurs formes et leurs traces. « Lorsque l’on observe par exemple celui de François Olislaeger, on peut être ému et s’en servir pour travailler une question par rapport à un milieu ou un lieu. Partir de ces petites choses poétiques est important. Les questions soulevées sont d’actualité et serviront notre imaginaire et notre projet. » À découvrir sans attendre.
Ingrid Lemaire