L’épicerie qui relève l’ordinaire
Unique épicerie sociale de Coallia en France, celle dédiée aux jeunes à Amiens améliore le quotidien et favorise l’insertion.
11.04.2023
Le 4 avril, à l’épicerie sociale du 124, route d’Abbeville, c’était cours de cuisine avec des bénéficiaires de La Dépanneuse, l’épicerie itinérante de Coallia, association nationale œuvrant en faveur des publics vulnérables. Objectif de cet atelier convivial : « Préparer un plat et un dessert avec les aliments vendus à l’épicerie pour montrer ce que l’on peut mijoter, indique Maud, chargée de l’approvisionnement et de la vente des denrées issus de La Banque alimentaire, des chantiers d’insertion d’Andes (Association nationale de développement des épiceries solidaires), d’invendus de la grande distribution ou d’achats en commerce. Nous avions beaucoup de pêches au sirop. On a fait un crumble. Cette activité est aussi le prétexte pour créer des rencontres. D’abord réticents, les bénéficiaires en redemandent. Ils ont parfois des envies particulières, veulent partager leurs recettes… »
Jeunes précaires
Produits ménagers maison, jeu de société sur l’écologie, ateliers santé, discussions autour d’un café… À l’épicerie solidaire dédiée aux précaires de 17 à 29 ans – la seule de Coallia en France –, les ateliers permettent de reprendre confiance. « C’est sortir de chez soi et retrouver du lien social dans un lieu qui contribue à l’insertion », précise Sylvie Jouvhomme, directrice adjointe de Coallia Somme. « En ce moment, nous accueillons une douzaine de personnes dirigées ici par les travailleurs sociaux. Nous pourrions en toucher davantage mais ils sont difficiles à capter. Beaucoup éprouvent des difficultés à demander de l’aide », remarque Marie, conseillère en économie solidaire et familiale qui s’occupe du suivi des dossiers, de l’organisation des ateliers et de l’accompagnement des bénéficiaires. Leur profil : des jeunes en insertion, en formation, en recherche d’emploi, isolés, en rupture sociale ou qui ont des moyens limités, et hors parcours étudiant (ces derniers bénéficiant de l’Agoraé au 11, rue des Francs-Mûriers).
Moins de 8 € par jour pour vivre
Vendu 2,04 € au prix fort en magasin, le sachet de fromage râpé passe ici à 41 centimes. « Soit une économie de 1,63 €. Ce n’est pas négligeable », souligne Maud. « Les articles sont revendus sur la base de 15 à 20 % de leur valeur d’achat », abonde Sylvie Jouvhomme. Bénéficier de l’épicerie sociale exige de remplir un dossier géré avec le Département et le CCAS de la Ville d’Amiens pour établir un reste à vivre. Soit moins de 8 € par jour et par personne… « On remarque beaucoup de besoins d’urgence, indique la directrice adjointe. Actuellement, on est impactés par l’inflation et la hausse du coût des produits. C’est un vrai sujet pour les épiceries solidaires. Nous devrons réévaluer le reste à vivre. » Avec le soutien de l’Andes et des subventions de l’État, du Département et du CCAS amiénois, qui apportent « un soutien méthodologique et technique », le budget annuel de l’épicerie solidaire s’élève à près de 140 000 €. L’aide alimentaire, un premier pas vers l’autonomie.
Ingrid Lemaire
Épicerie solidaire jeunes (124, route d’Abbeville) : 06 35 32 16 40 ou ladepanneuse@coallia.org – www.coallia.org