La balade d’Eleanor
L’Amiénoise Eleanor Shine se dévoile comme jamais dans les six titres de Chemin Blanc. Et prépare un nouveau spectacle pour enfants. En s’entourant chaque fois d’artistes locaux.
09.01.2024
On la connaissait violoniste et vocaliste, seulement accompagnée, sur son premier album éponyme sorti en 2017, de machines. Avec Chemin blanc, la voici chanteuse à part entière. Dans ce nouvel EP de six titres sorti le 17 novembre, Jeanne-Antide Duquennoy, alias Eleanor Shine, sort un peu plus de sa coquille. Celle dont le pseudo a été inspiré par Eléa dans le roman La Nuit des temps de René Barjavel, avait besoin d’un « personnage pour trouver le courage de monter sur scène ». Avant cela, elle s’était affirmée comme violoniste au sein de différents groupes, chanson française ou musique électronique. Avait collaboré avec des compagnies de cirque et d’art de rue.
Le violon comme une guitare
Des expériences qui ont forgé son approche du violon, libre et en mouvement, le maniant peu à peu comme une guitare électrique, loin de sa formation classique au Conservatoire. Si le violon l’escorte toujours, elle s’accompagne ici aussi d’un clavier et d’une autoharpe, découverte sur un album de PJ Harvey. Plus de machines. Mais des musiciens avec elle sur scène : Joseph Keller au piano et Charles Hayem à la batterie. Le trio prendra la route des salles de concert en mai. Mais on peut déjà parcourir Chemin blanc.
Oiseau blessé
Entièrement écrit et composé par Jeanne-Antide, Chemin blanc s’écoute comme on voit défiler des paysages et des fragments de vies. Sa voix ronde et mélodieuse alterne entre la moiteur des notes graves et des gammes aigües et glacées. Les textes, plus présents que sur le premier album, nous embarquent dans sa sensibilité. « J’ai commencé à écrire le titre L’Envol pendant le confinement, après une promenade avec mon enfant. Dans le parc où j’allais, j’ai vu un oiseau blessé, un couple d’amoureux qui s’embrassaient… Chaque fois, j’ai construit, réécrit autour de textes intuitifs, avec le piano comme base de mes compositions. »
Poésie du quotidien
Mélancolie, romantisme, amour, nature, temps qui passe, vie, mort et renaissance : les sujets qui remuent l’artiste trahissent une grande délicatesse, bien que « les mots viennent sans vraiment savoir ce que ça dit de soi ». Une poésie du quotidien, à l’image de Bertrand Belin, dont elle a fait la première partie lors du festival Haute Fréquence en 2019. La réalisation, l’enregistrement et les arrangements ont été confiés à Sylvain Ruby, dit Kenny, également bassiste au sein de l’actuelle tournée d’Iggy Pop.
Des clips et des scènes
« L’album appartient désormais au public », se résout Eleanor Shine. Autour, en revanche, les projets se multiplient. Elle les mène de front avec sa compagnie, l’association Shine!Prod. Le live a déjà fait l’objet de plusieurs résidences, dont une à Cité Carter. Le public du dernier festival Witches Week a pu en apprécier le résultat. Chemin blanc, titre qui donne son nom à l’album a, lui, inspiré un clip diffusé dès août 2023. Un deuxième, Le Bleu, a été tourné et sera révélé en février.
Bleu après La Forêt
Pour ce nouveau clip, carte blanche a été donnée au photographe et réalisateur amiénois Mickaël Titrent. Avec la piscine du Nautilus comme décor, il présentera des scènes sous l’eau, « de belles images » où la chanteuse apparaîtra entourée d’un danseur et d’un comédien. Cette chanson est à l’origine d’une future création dédiée au jeune public : Bleu. Un concert à lire, illustré et animé, sur le même principe que son précédent spectacle La Forêt, fable écologique jouée plus de 80 fois. Bleu parlera de l’exil, d’une petite fille qui vit près de la mer, mais qui, par peur, doit quitter son village. Eleanor a fait appel à Clémence Pollet, illustratrice jeunesse éditée chez Gallimard et amiénoise d’adoption pour ce spectacle à découvrir fin 2024. Un pas de plus pour se sentir chez elle sur scène.
Candice Cazé
Chemin Blanc
En écoute sur les plateformes
CD et vinyle en vente à La Malle à disques ou en commande sur bandcamp.com/