La beauté du geste
Des sportifs amiénois racontent leur pratique sportive. C’est Histoire d’un geste visible à la Maison de la culture cet été dans le cadre de Ping-pong à toi de jouer ! et surtout à découvrir, en podcast, sur le site de Carmen.
18.06.2024
Des tables de ping-pong en accès libre… à la MCA. « Une manière de décloisonner le monde du sport et de la culture », y voit son directeur Laurent Dréano. Face aux tables fournies par Cornilleau, leader européen des tables de ping-pong installé à Bonneuil-les-Eaux à 25 km d’Amiens, une fresque monumentale représentant des sportives : l’œuvre de la mangaka Frederica Di Meo. Jusqu’au 22 septembre, la haut-lieu de la culture à Amiens accueille l’exposition Ping-pong à toi de jouer ! qui se décline autour de la BD La Diplomatie du ping-pong (Alcante et Alain Meunier, éd. Delcourt), sur cette histoire vraie d’un pongiste hippie qui, se retrouvant par hasard dans le bus de la délégation chinoise, débouchera sur une rencontre entre Mao Zedong et Nixon…
Une expo photos
© Clément Foucard
L’exposition trouve aussi des racines locales avec Histoire d’un geste qui s’intéresse à cinq sports et autant de clubs locaux. Des pongistes de l’Amiens Sport Tennis de Table, des basketteurs des Cheminots d’Amiens, des pratiquantes du roller derby, des grimpeurs d’Amiens Rivery escalade et des handballeurs de l’APH, racontent leur amour de leur sport, leur rapport à la pratique, et la recherche du geste juste, efficace, performant. Tout ceci, ils et elles l’ont confié au micro de Clément Julliard (association Carmen) pour des podcasts à trouver ici. Les photographies de l’exposition sont signées Clément Foucard et saisissent aussi ce moment où le geste sportif se mue en quelque chose d’artistique.
Coups de génie
À la baguette d’Histoire d’un geste, on retrouve Cédric Orain, auteur et metteur en scène de la compagnie La Traversée, marqué à l’enfance par le sport et le récit sportif, par les images, celle d’une photo dans L’Équipe d’un coureur, seul, dans la montée lunaire du mont Ventoux : « Il y avait quelque chose du récit mythologique qui va au-delà des limites du monde humain ».
Son spectacle Corps premiers, sur la scène de la Maison de la culture en novembre dernier, montrait déjà sa réflexion sur le corps du sportif, la pureté quasi poétique du mouvement ne cherchant que l’efficacité, « ces inventions de gestes qui sont autant de coups de génie », selon lui. Cédric Orain s’intéressait déjà à ses moments où le geste a changé la face du sport que ce soit celui de Kathrine Switzer, première femme à courir le marathon de Boston en 1967 (les femmes étaient interdites de s’aligner sur les longues distances), ou celui de Richard Fosbury, le premier aux JO de 1968 à sauter en hauteur en enroulant son dos (et pas son ventre) autour de la barre, modifiant à tout jamais l’athlétisme.
© Clément Foucard
Avec Histoire d’un geste, la focale de Cédric Orain se déplace sur des sportifs amiénois, plus anonymes, mais qui racontent tout autant ce rapport à la pratique sportive et à la recherche du geste. Du bon geste.
Antoine Caux