La boutique éthique d’Artisans du monde
La discrète boutique d’Artisans du monde, installée rue Sire-Firmin-Leroux, s’est refait une beauté cet été sans changer sa mission : proposer des produits qui n’exploitent ni l’humain ni l’environnement.
19.09.2023
« Notre best-seller ? Ah ! le sucre mascobado des Philippines. Un sucre de canne complet qui possède plus de vitamines et de minéraux que le sucre blanc, et qui contient du phosphore et du magnésium ! » Au milieu des rayonnages de la boutique Artisans du monde à Amiens, Armande paraît intarissable. Et quand certains ne verraient qu’un paquet de sucre, cette bénévole de l’association qui fut d’abord cliente, sait que la coopérative qui vend ce sucre (non raffiné) réunit des producteurs, pour moitié des femmes, propriétaires de leur moulin et donc autonomes, lesquels seront rémunérés à hauteur de leur travail. Idem avec ces jus ananas-gingembre et canne-hibiscus de Madagascar ou encore avec ces plaquettes de chocolat du Ghana. « Évidemment c’est un peu plus cher, concède Armande. Et encore, tous ceux qui tiennent la boutique ne sont que des bénévoles ! Mais c’est le prix d’une juste rémunération. Et le prix pour s’assurer qu’aucun enfant n’a récolté les fèves de cacao. »
Déclaration universelle des droits de l’homme
La première boutique d’Artisans du monde est apparue à Paris en 1974. À cette époque, des mouvements ont éclos depuis une décennie en Occident alors que de nombreux pays du Sud obtiennent leur indépendance mais restent dominés par le Nord dans leurs échanges commerciaux. Le commerce équitable, qui ne s’appelle pas encore comme ça, allait naître, s’appuyant sur l’article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité ». « Avec le commerce équitable, les producteurs dégagent plus d’argent qu’avec le commerce conventionnel, poursuit Armande. Cela permet à ces populations d’aménager d’autres services, des écoles, des hôpitaux… Et au final, de ne pas vouloir migrer pour trouver ailleurs ce qu’ils n’ont pas. »
« On ne peut pas continuer d’exploiter des enfants sous couvert de vouloir payer tel ou tel produit moins cher ! »
Artisans du monde est une fédération qui réunit des associations locales. L’antenne amiénoise a d’ailleurs organisé l’assemblée générale nationale en juin à Amiens. Chaque association locale commande ses produits sur la centrale d’Artisans du monde. « Ce sont des partenariats, et jamais avec un producteur isolé mais avec des collectifs, décrivent les bénévoles amiénois. Sur un individu, il peut y avoir des pressions de l’acheteur. Le partenariat, lui, est durable, les producteurs peuvent se projeter. » Aux producteurs, ensuite, de respecter la charte sur le respect des droits humains et de l’environnement. Armande : « On ne peut pas continuer d’exploiter des enfants sous couvert de vouloir payer tel ou tel produit moins cher ! »
Antoine Caux